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La pression monte pour la grève dans les Universités, Libéblog de S. Huet, 25 janvier 2009
dimanche 25 janvier 2009, par
Pour lire l’article sur le blog de S. Huet.
Semaine décisive pour les universitaires et Valérie Pécresse, la ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur.
Dès lundi 26, il pourrait y avoir de premiers signes de grèves des enseignants du supérieur. Le SneSup-FSU appelle en effet à une montée en puissance dans la perspective de la journée d’action du 29 janvier. Et surtout d’un mouvement de grève illimité à partir du 2 février, à l’appel de la Coordination nationale des universités, des syndicats et associations SLU, SLR.
Dessignes de mobilisation provenant de très nombreux sites universitaires, inquiétants pour le ministère, signalent la profondeur du mécontentement de la communauté universitaire devant deux volets de la politique gouvernementale : la réforme du statut des Enseignants-chercheurs (Maîtres de conférence et Professeurs) et celle de la formation des enseignants du primaire et du secondaire (la "mastérisation"). On trouvera ici une carte de France des mobilisations. Des milieux jusqu’alors réputés pour leur calme, comme celui des facultés de Droit, montent au créneau pour refuser la réforme du statut. Et le nombre des Conseils d’Universités qui refusent d’envoyer les maquettes d’habilitation pour la mastérisation de la formation des enseignants montre que même les Présidents élus sur des listes pro-LRU ne parviennent pas à convaincre de la justesse de cette réforme.
Le cas des enseignants de Droit pourrait bien devenir emblématique du mouvement qui se dessine. D’abord dans la préparation de terrain. C’est ainsi qu’Olivier Beaud, professeur de Droit à Paris-2 Assas, membre de l’association Qualité de la Science Française (autrement dit, on est très loin de la contestation "de gauche"...) a publié une analyse très critique du projet de décret sur le statut des Universitaires. Fréderic Sudre, président de la section Droit Public du CNU joue un rôle important dans cette mobilisation des juristes. La participation de AutonomeSup et du collectif Défense de l’Université à ce mouvement indique qu’une partie des soutiens politiques traditionnels du gouvernement dans le milieu universitaire le laisse tomber sur ce point.
Ce front du refus qui traverse les clivages politiques traditionnels n’est cependant pas unanime. Ainsi, le Sgen Cfdt est plutôt favorable à de nombreux points de cette réforme, comme me l’indique Patrick Fridenson. Il demande certes une "négociation entre la ministre et les syndicats" mais plus pour discuter des "modalités des procédures d’appel" pour le recrutement des universitaires". Fridenson souligne aussi le soutien de son syndicat à l’idée de la modulation des services.
Lundi matin, la commission permanente du Conseil national des Universités (CNU) se réunira à Paris. La grande majorité de ses membres, élus et nommés, très représentatifs de la communauté universitaire, rejette la réforme du statut. En particulier sur deux points : qui attribue les promotions et l’accession au grade de Professeur, qui décide des modulations de service des universitaires ? La LRU et la réforme du statut prévue par Valérie Pécresse déporte la décision vers les Présidences des Universités, alors que la situation actuelle - provenant de décisions prises en 1989 sous Jospin comme ministre de l’éducation nationale - partage cette décision moitié moitié entre le niveau local et le niveau national sous contrôle du CNU.
Je profite de cette note pour publier in extenso la déclaration d’Isabelle This, présidente de SLR, à propos de l’Appel des appels, dont Libération a parlé vendredi dernier. Le format choisi pour la publication dans le journal avait réduit fortement le texte de sa déclaration. La voici :
Si j’ai signé cet appel, en mon nom et comme présidente de Sauvons la Recherche, c’est parce qu’il rejoint une analyse qui faisait son chemin parmi les universitaires et chercheurs contestant la politique gouvernementale. D’abord, l’idée que nous aurions du mal à nous faire entendre sans joindre notre voix à celles d’autres contestataires. Ensuite en raison d’une véritable similarité dans les méthodes et les objectifs, quelques soient les secteurs. Les éléments communs dans les objectifs de ces réformes tournent autour de l’autonomie des individus, des libertés publiques.
Pour les universitaires, il s’agit de la mise en cause des valeurs de l’Université dans ses missions de création et de diffusion de connaissances nouvelles. Nous étions relativement protégés des pressions politiques et économiques par des instances collégiales, en partie élues. Les réformes visent à les écarter. Elles visent aussi à instaurer le recours systématique à la concurrence généralisée entre individus et établissements comme condition nécessaire et suffisante à l’efficacité alors que notre milieu est déjà fondé sur la concurrence et qu’il a surtout besoin de plus de coopérations. De même l’évaluation est dévoyée pour devenir un contrôle administratif au lieu d’être un moyen d’amélioration. Enfin, on sent bien une volonté d’un pilotage politique de la recherche, à des buts utilitaristes à court terme, au rebours des relations efficaces connues entre sciences et économie.
Du côté des méthodes, on retrouve partout la même brutalité, le refus de tenir compte des instances représentatives, une rhétorique rudimentaire de l’évidence et de la modernisation nécessaire, des concertations bidons marquées par des techniques classiques de saucissonnage afin de masquer la cohérence des projets. Une cohérence très idéologique qui, dépasse chaque secteur, et justifie cet appel à une coordination.