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Université « C’est tout le système éducatif qui est visé » - par Ixchel Delaporte, "L’Humanité" du 20 février 2009
samedi 21 février 2009, par
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Mobilisation . Alors que de nombreuses manifs étaient organisées partout en France, étudiants et enseignants s’interrogent sur leurs mots d’ordre. Reportage dans une AG à Paris-I.
Dans l’amphithéâtre N de Tolbiac, une quinzaine d’enseignants-chercheurs et environ trois cents étudiants se sont retrouvés, hier, pour débattre de trois points : les mots d’ordre de professeurs, la loi LRU et l’élargissement des revendications. Même si les étudiants se félicitent du mouvement engagé par leurs enseignants, nombre d’entre eux ont exprimé leur regret de ne pas avoir été suivis au moment du vote de la loi LRU en 2007. Et c’est précisément sur la loi LRU que les discussions achoppent. Pour les étudiants, cette réforme est la pierre angulaire des deux décrets que les universitaires voudraient faire sauter : la modification du statut et la réforme de la formation des enseignants.
« Nous resterons mobilisés »
La demande de l’abrogation de cette loi sera récurrente pendant l’AG. « Nous voulons l’élaboration d’une nouvelle loi. Ce qu’a lâché Sarko hier ce sont quelques primes et des bonbons pour une minorité. Il faut descendre dans la rue, maintenir le rapport de force, sinon on n’obtiendra rien », s’exclame un étudiant de SUD Éducation au micro. Vivement applaudi par l’amphi, le même étudiant a redit le contexte explosif actuel. De la Guadeloupe au discours de Sarkozy réaffirmant la poursuite des réformes en passant par les milliards donnés aux banques, « personne n’est dupe ! » a-t-il conclu. Inquiets aussi sur les gages donnés par les enseignants-chercheurs, des étudiants ont interpellé à plusieurs reprises les profs présents : « En cas de retrait du décret sur le statut, allez-vous tout arrêter ? Nous voulons des garanties. »
Pour répondre à cela, des enseignants ont pris la parole. Le premier, Jean, est géographe. « La motion que nous avons votée dans notre UFR devrait répondre à ce souci. Son objet : la reconduction de la grève et l’abrogation de la loi LRU. Je le redis : même en cas de retrait du décret sur le statut et de la mastérisation, nous resterons mobilisés auprès des étudiants ». Plus tempéré, Christophe, professeur d’économie, a toutefois mis en perspective ce qui fait aujourd’hui la force du mouvement des enseignants : « Nous n’avons pas besoin de nous déchirer. Est-ce qu’on est contre la loi LRU ? Oui. On est tous d’accord. Simplement, il faut bien voir que notre mouvement a réussi à mobiliser très largement sur le décret du statut et sur la mastérisation. Parler uniquement de la LRU serait se couper de beaucoup d’enseignants. Ce qui est vital, c’est l’unité du mouvement. Après, nous aurons tout le temps de convaincre d’une remise à plat de cette loi. »
« Prendre exemple sur la Guadeloupe »
L’attaque contre les services publics tous azimuts a été également évoquée. Certains, comme Aurélien, Julien ou Annie évoquent une stratégie gouvernementale : « Ils nous en mettent plein la gueule à tous. Les hôpitaux, les profs, les cheminots… Personne n’est épargné. Il faut élargir les revendications et prendre exemple sur la Guadeloupe ». Un autre étudiant pousse la logique : « La grève générale est le seul moyen de faire plier Sarkozy. Nous sommes tous là pour défendre le service public et un modèle de société égalitaire. Il faut s’insérer dans un mouvement plus large ». Et Sylvie, une institutrice de maternelle, de boucler la boucle : « La maternelle est en train de disparaître. Vous aurez un jour des enfants… C’est l’ensemble du système éducatif qui est visé. Alors faisons front ensemble. »
Ixchel Delaporte