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"Universités : manifestations dans plusieurs villes", par Sylvestre Huet, Libéblog, Sciences², 26 février 2009
jeudi 26 février 2009, par
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La mobilisation des universités et des laboratoires de recherche se poursuit, malgré les annonces du premier ministre François Fillon hier.
Plusieurs milliers de personnes ont défilé jeudi à Paris, Rennes, Caen, Lyon ou Toulouse. A Paris, 10.000 à 12.000 personnes selon les organisateurs ont défilé de Port Royal au Panthéon où elles ont procédé à un non-enterrement de l’enseignement supérieur et de la recherche. Georges Debrégeas (Sauvons la Recherche) a pris la parole pour déclarer que les annonces du premier ministre ne peuvent pas satisfaire les manifestants en terme d’emplois pour les universités et la recherche, comme pour la réforme de la formation des enseignants.
Les manifestants, dont nombre d’entre-eux vêtus de noir et bougie en main, ont transporté couronnes de fleurs et cercueils. On pouvait y lire « RIP, Réformes intolérables de Pécresse » et « Riposte inébranlable Paris XI », parodiant la formule latine « requiescat in pace ». Dans la manifestation,on pouvait voir des enseignants-chercheurs et des étudiants de Paris I, XI, XII, XIII, de Jussieu. Le CNRS, l’ENS Cachan, l’Institut Cochin, l’Observatoire de Paris, l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales), entre autres étaient représentés.
En province d’autres manifestations ont eut lieu. A Toulouse, entre 2.800 (police) et 7.000 (organisateurs) enseignants-chercheurs et étudiants. A Rennes, entre 1.500 (police) et 3.000 (FSU) personnes. Le cortège comprenait des étudiants de Rennes 1, de Rennes 2, de l’IEP de Rennes et aussi des IUT. A Caen, ils étaient entre 1.200 (police) et 1.000 à 1.500 (organisateurs) personnes, en majorité des étudiants. A Mulhouse, une centaine d’enseignants et d’étudiants de l’Université de Haute Alsace ont manifesté avec humour cet après-midi pour l’abrogation des décrets Pecresse et la levée des menaces qui pèsent sur 85 postes. A Strasbourg, Rouen, Reims, Perpignan, des rassemblements ont eu lieu.
Les annonces de François Fillon, hier, suscitent des réactions contrastées. Le Snesup y voit un signe des « manœuvres en recul du gouvernement face à une mobilisation exceptionnelle du monde universitaire ». Sauvons l’Université y lit une « timide ouverture » (lire communiqué intégral ci dessous). L’UNEF estime qu’elles contiennent « des premiers gestes de réponse à la mobilisation mais ils ne sont pas entièrement suffisants à ce stade », tout en soulignant que « ces annonces vont dans le bon sens » et constituent « des reculs qui en appellent d’autres », notamment sur la formation des maîtres. Le syndicat étudiant appelle à manifester le 5 mars. De son côté le Sgen CFDT, assez peu présent dans l’action en cours, y discerne à l’inverse des « gestes significatifs » du gouvernement qui vont permettre à la réunion des syndicats, vendredi avec Valérie Pécresse, de se tenir « dans un climat plus serein ».
Par ailleurs, l’Associations QSF, Qualité de la science française vient de publier un communiqué suite à la rencontre hier de son président et de son secrétaire général, Antoine Compagnon et Paolo Tortonese, avec Mme Claire Bazy Malaurie, la médiatrice nommée par Valérie Pécresse.
Communiqué de SLU :
Après des mois de surdité et d’aveuglement, le communiqué de presse du premier Ministre en date du 25 février 2009 marque une reconnaissance, tardive et biaisée, de l’ampleur des revendications de la communauté universitaire. Nous attendons encore que ce nouveau discours donne un contenu explicite aux termes qu’il met en avant : « fonctionnement collégial », « transparence », « équilibre » demeurent pour l’instant des formules incantatoires.
Nous prenons acte de l’engagement de réécriture entière du décret statutaire des enseignants-chercheurs. Nous rappelons cependant que le cadre de négociation exigé par la communauté suppose le retrait de ce projet de décret et de la réforme de la formation et du recrutement des enseignants ainsi que la restitution des postes supprimés en 2009 et le retrait du projet de contrat doctoral. Nous rappelons également que l’arrêt du démantèlement des organismes publics de recherche constitue une revendication impérative de la communauté. Nous rappelons enfin que l’adoption d’un nouveau cadre législatif pour l’enseignement supérieur et la recherche permettant un rééquilibrage des pouvoirs au sein des établissements est aujourd’hui une exigence unanime de tous les acteurs de la coordination nationale des universités.
La réforme de la formation et du recrutement des enseignants ne fait ici l’objet que de déclarations vagues : la mise en place d’un « comité de suivi » ne saurait satisfaire la demande réitérée de retrait de la réforme ; le « temps de formation complémentaire pendant l’année de stage » demeure pour l’instant dans le flou le plus total (articulation entre le temps d’enseignement et la « formation complémentaire », rémunération).
L’annonce du gel des suppressions de postes d’enseignants-chercheurs en 2010 et 2011 et de la compensation en heures supplémentaires des postes supprimés en 2009 ne résout pas le problème du sous-encadrement des universités en postes administratifs, techniques et d’enseignants-chercheurs. Bien plus, elle annonce la poursuite des suppressions de postes de chercheurs et d’ITA. Elle laisse entière la question du devenir des emplois et du statut des personnels administratifs et techniques. La mise à disposition de professeurs agrégés du second degré ne peut tenir lieu de plan pluriannuel de création de postes d’enseignants-chercheurs. La question d’un “statut étudiant” ne fait en outre l’objet d’aucune proposition.
Enfin, toute réflexion sur la recherche est absente du communiqué : ni les questions de structures (démantèlement des grands organismes), ni celles de statut (contrat doctoral), ni l’articulation entre enseignement et recherche à l’université dès le premier cycle ne sont mentionnées.
Cette timide ouverture engagée par le premier Ministre doit renforcer la vigueur de la mobilisation universitaire. SLU demande que soient abordé en bloc l’ensemble des revendications et que les négociations soient menées dans un cadre interministériel : c’est tout le service public d’enseignement et de recherche qui est concerné. Tant que ces conditions ne sont pas réunies, toute négociation n’est que simulacre : c’est pourquoi SLU ne se rendra pas au rendez-vous proposé par Valérie Pécresse vendredi 27 février.