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CNRS : {sciences²} publie les documents secrets sur son avenir - Sylvestre Huet, Libéblog, {sciences²}, 27 février 2009
vendredi 27 février 2009, par
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Hier soir, le blog sciences² publiait une note sur l’évolution à la baisse des effectifs du Cnrs, sur la foi d’un communiqué intersyndical. Il s’agissait d’un document exfiltré du ministère de Valérie Pécresse, portant la mention « document de travail » exposant l’état actuel des discussions entre le ministère et la direction du CNRS sur son contrat d’objectifs et de moyens pour 2009-2013.
Hier, à 21 heures, le ministère me contactait pour démentir être l’auteur du document. Un démenti pour le moins hypocrite, personne de sensé ne peut imaginer que la direction du Cnrs, Catherine Bréchignac et Arnold Migus, ne se lancent dans la rédaction d’un tel contrat sans un cadrage préalable avec le ministère. En tous cas, voici en pdf les deux documents en cause.
[Document 1] : 10 pages du texte intitulé Le CNRS, Agence de moyens de la Recherche Française, Opérateur Stratégique national, 2009-2013, la mutation de l’organisation du Cnrs. Daté du 25 février.
[Document 2], six pages du texte intitulé Contrat d’objectifs et de moyens 2009-2013, Cnrs Etat, 16 février 2009, avec les tableaux de chiffres sur les effectifs.
[Ajout à 12h : Alain Resplandy-Bernard, secrétaire général du Cnrs, vient de me passer un coup de fil pour me préciser le statut de ce document, en particulier de sa partie chiffrée pour les effectifs. Il m’informe être l’auteur de ce tableau (voir page 36 du document Contrat d’objectifs et de moyens), « qui n’a été validé par aucune autorité politique », établi « sur la base de la loi de finance 2009, avec les suppressions d’emplois prévues pour 2009-2011.
Pour les années ultérieures, j’ai supposé que l’on arrêtait de supprimer des emplois d’ingénieurs et techniciens. Pour les chercheurs et les chaires d’excellence destinées à des jeunes Maîtres de Conférence recrutés par les Universités, j’ai simplement prolongé les chiffres des années 2009-2011. »
Cette mise au point du secrétaire général confirme que la direction du Cnrs travaille dans le cadre des hypothèses politiques et budgétaires actuelles, fixées par le ministère. Ce document technique « très provisoire », explique le secrétaire général du Cnrs, témoigne en fait de ces orientations malthusiennes.
Un internaute chercheur en photonique travaillant à l’université de Genève me fait malicieusement remarquer que l’auteur du PDF N°1 est un certain amigus - Arnold Migus, directeur général du Cnrs - et que le document N°2... n’a pas d’auteur si l’on en croit ses métadonnées. Amusant....
La part importante des chaires d’excellence pour accueillir durant cinq ans des jeunes universitaires - 25% des recrutements, avec 90 chaque année sur 300 recrutement de chercheurs - pose un problème qui ne peut pas être compris si l’on raisonne sur les seuls effectifs du Cnrs. Il faut les compter sur l’ensemble de l’emploi scientifique public, Université et Cnrs, intégré. Ils sont d’abord comptés comme emplois d’universitaires - dont les effectifs, vient de promettre François Fillon seront au mieux maintenus durant les cinq prochaines années - les recompter à nouveau comme chercheur Cnrs constitue une duperie monumentale... puisque le total chercheurs + universitaires diminue. C’est l’une des raisons pour laquelle le Conseil scientifique du Cnrs a refusé de marcher dans la combine en votant le texte suivant le 18 novembre 2008 :
Sujet : Diminution du nombre de personnels :
S’agissant de l’emploi, l’addition des non-remplacements des départs et des postes utilisés pour les chaires conduit à une diminution du nombre de l’effectif des chercheurs. Dans la logique de sa précédente opposition à ce dispositif, le Conseil demande la transformation des 90 chaires en postes de chercheurs statutaires.
Vote du Conseil : 17 votants (16 Oui, 0 Non, 1 abstention)