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Chercheurs et étudiants trouvent de nouveaux modes d’action - Sylvestre Huet, "Libération", 11 mars 2009
mercredi 11 mars 2009, par
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Aujourd’hui, à Paris (République-Nation) et dans 24 villes de province, universitaires, chercheurs et étudiants vont de nouveau battre le pavé. De nouveau puisqu’il s’agit de la cinquième journée de manifestations depuis le 2 février, jour où « l’Université s’est arrêtée », selon le mot d’ordre de ce mouvement inédit, puissant, qui met en péril deux ministres : Valérie Pécresse et Xavier Darcos.
Tactique. Le gouvernement espérait voir ce mouvement qui secoue les universités et les laboratoires s’étioler, il semble repartir de plus belle et élargir ses formes d’actions. La grève ? « Je ne vois pas de signes de reprise massive des cours », affirme Jean-Louis Fournel, porte-parole de Sauvons l’Université. Pour qui, si « le mouvement s’interroge sur ce que veut le gouvernement, il n’a pas de doute sur lui-même. Ce que nous mettons sur la table est très clair. Il y a toujours plus de 70 universités représentées dans les coordinations nationales et une grande clarté sur nos revendications : retrait du décret sur le statut des universitaires, retrait de la réforme de la formation des enseignants, annulation des suppressions d’emplois du budget 2009, négociations sur le contrat doctoral, un plan pluriannuel d’emplois pour les universités et les organismes de recherche dont le démantèlement doit être stoppé ».
Devant ce package mettant en cause l’ensemble de sa politique universitaire et de recherche, le gouvernement a tenté la tactique du « saucissonnage ». Et caressé l’idée d’arrêter ce mouvement par une réécriture du statut des universitaires, négociée avec trois syndicats minoritaires vendredi. Cet espoir, souligne Fournel, « c’est comme de croire qu’essuyer la goutte qui a débordé du vase permet de vider ledit vase. Non, il faut aussi traiter de l’ensemble de nos revendications. Il y a une crise qui nécessite un arbitrage intergouvernemental : nous nous adressons au Premier ministre ».
Après six semaines de mobilisation, les initiatives sont toujours plus diverses. Plus de 230 lectures publiques de la Princesse de Clèves en réponse à Nicolas Sarkozy, éclosion de sites web, cours publics de physique ou de littérature dans le métro et sur les places publiques, « printemps des chaises » qui opère des blocages temporaires dans 36 universités…
Manipulation. Des incidents mardi à Toulouse-Le Mirail montrent toutefois un début d’énervement. C’est peut-être ce sentiment qui explique l’incroyable manipulation du bureau de la Conférence des présidents d’université (CPU) qui a transformé le texte voté par les présidents jeudi. Ce dernier condamnait la « précipitation irresponsable » du gouvernement, exigeait que cette réforme soit « retravaillée en profondeur » et, donc, reportée « d’un an ». Or, le bureau de la CPU, au lieu de publier ce texte, y a substitué un communiqué de même longueur, gommant ces accusations et ouvrant la voie à une réforme des concours dès 2010. Plusieurs présidents (Paris-VIII, Nanterre, Paris-IV, Montpellier-III…) dénoncent cette manipulation « inacceptable »… dont l’objectif manifeste est d’éviter au gouvernement un retrait clair ouvrant la voie à une négociation globale.