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"Le mouvement s’organise pour durer", L’Humanité, 8 avril 2009, par Ixchel Delaporte
jeudi 9 avril 2009
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Le mouvement s’organise pour durer
Une nouvelle journée de manifestation nationale a lieu aujourd’hui pour répondre aux appels à la reprise des cours lancés par la ministre de la Recherche.
Toujours pas de sortie de crise à l’horizon… Valérie Pécresse lance via les médias des appels à la reprise des cours, condamne les « actes radicaux » et assure que « les étudiants se sont prononcés largement en faveur de la reprise ». L’attitude de la ministre, considérée comme irresponsable par les universitaires, va de concert avec une politique gouvernementale de réformes menée quel qu’en soit le prix. Pécresse ne lâche du lest que quand Nicolas Sarkozy l’y autorise. Et on en est bien loin, si l’on en croit les propos du chef de l’État qui, lors d’un déplacement dans les Bouches-du-Rhône, a affirmé qu’il ne reviendrait « jamais » sur l’autonomie des universités, « un choix fondamental ». Assurant que « les choses progressent », il s’est adressé au monde universitaire en expliquant que « leur donner l’autonomie, c’est leur faire confiance ». Moins méprisant que lors de son discours du 22 janvier, il a préféré remercier les présidents d’université de « leur courage », car a-t-il ajouté, « ils ne baignent pas toujours dans un environnement spontanément attiré par la réforme ». C’est le moins que l’on puisse dire… Et quant à la spontanéité, les universitaires ont pris le temps de réfléchir aux conséquences néfastes des réformes en cours.
En réponse à Lionel Collet, président de la CPU, relais discipliné du discours de la ministre, la communauté universitaire, réunie en assemblée générale (la huitième) lundi dernier à l’université de Paris-III, a rappelé sa détermination « intacte et absolue face au massacre organisé par le gouvernement du service public de l’Enseignement et de la Recherche ». En réponse aussi à Valérie Pécresse sur le bon déroulement des examens, des directeurs d’UFR et d’IUT envisagent la validation automatique du semestre pour les étudiants. À ce stade du mouvement, les étudiants, enseignants-chercheurs, BIATOSS et doctorants ne s’embarrassent plus d’ultimatums. Ils vont droit au but et comptent se mobiliser « sous toutes les formes » : grèves de la faim, blocages, démissions administratives, appels à la désobéissance civile, occupations et même séquestrations des présidents d’universités favorables à la LRU. Certaines de ces actions sont d’ores et déjà appliquées à Rennes-II, Toulouse-II et III, Montpellier-III, Caen. Hier après-midi, c’est à Strasbourg que deux cents étudiants ont investi les locaux de la présidence. Les démissions aussi ont été remises à Amiens, Paris-I, Lyon-II, Nancy-I, Tours ou Dijon… Par ailleurs, la communauté universitaire a tenu à dénoncer la violence policière, devenue systématique, face à des actions pacifiques.
Expériences de lutte
Malgré l’annonce de nouvelles manifestations, « de la maternelle à l’université », comme celle d’aujourd’hui (1), celle du mardi 28 avril (jour de la Sainte-Valérie !) et, bien sûr, celle du 1er mai, le gouvernement espère encore une fois que les vacances de Pâques porteront un coup à la mobilisation. De son côté, la communauté universitaire accumule en sa faveur de nouvelles expériences de lutte qui pourraient faire durer le mouvement plus longtemps que ne le souhaiterait le président de la République.
(1) À Paris, manifestation à 14 h 30 à partir de la place Denfert-Rochereau.