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Communiqué de SLR en réaction au discours de Valérie Pécresse prononcé lors du Conseil scientifique du CNRS, le 16 juin
jeudi 18 juin 2009, par
Dans son discours du 16 juin, devant le Conseil scientifique du CNRS qui devait se prononcer sur un texte fondamental pour l’avenir de l’organisme (le Contrat d’Objectifs et de Moyens), la ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur a réaffirmé les grands principes de sa politique, principes que SLR a condamnés à maintes reprises et qui contredisent les propositions dégagées lors des Etats Généraux de la recherche dont la ministre ne cesse pourtant de se prévaloir. (i) La stratégie nationale de recherche et d’innovation élaborée par quelques commissions entièrement nommées. (ii) La réaffirmation du rôle central de l’Agence Nationale pour la Recherche (dont tous les membres sont nommés) au détriment des crédits de base (même si la place des projets « blancs » est appelée à s’accroître, tout comme le « préciput » au bénéfice des laboratoires). (iii) L’apologie de la division du CNRS en Instituts « verticaux » et la volonté de créer un dixième Institut au CNRS dans le domaine des sciences et technologies de l’information malgré le désaveu du CS. (iv) Le remplacement de fait du Comité national de la recherche scientifique (composé d’experts nationaux et internationaux au 2/3 élus) par l’AERES, alors que nous contestons sa méthodologie d’évaluation et la réalité de son indépendance affichée (puisque tous ses membres sont nommés par le gouvernement). (v) La confirmation de l’Alliance des Sciences de la Vie et du Consortium dans l’agronomie et la santé animale, qui se voient confier un rôle dans la « prospective » scientifique. (vi) La réaffirmation du bien fondé d’une politique de primes et la défense des chaires. (vii) Un renforcement du pouvoir administratif et bureaucratique puisque, parmi les directeurs généraux délégués prévus par les nouveaux textes, un seul sera scientifique et que le Secrétaire général (administratif), devenu Directeur général adjoint, aura des pouvoirs sur les aspects scientifiques.
Toutefois, même si les engagements mainte fois trahis incitent à la plus grande méfiance, certains des propos de Valérie Pécresse marquent un changement par rapport à la brutalité des déclarations antérieures :
1- les suppressions d’emplois dans les deux prochaines années sont abandonnées ;
2- les postes liées aux chaires sont réaffectés au CNRS ;
3- le rôle central des UMR est réaffirmé, même si c’est dans le cadre du gestionnaire unique, dont il n’est plus dit que c’est obligatoirement l’hébergeur ;
4- l’organisation en instituts se fera après décision du CNRS, répartition des moyens par celui-ci, avis du Conseil scientifique sur la politique de l’organisme ; de plus, contrairement aux précédents projets, les Conseils scientifiques des Instituts seraient composés comme ceux des départements ;
5- les sections [du Comité national] continueront à rendre leurs avis sur la création, le renouvellement ou la suppression des unités, même si elles devront s’appuyer sur les évaluations de l’AERES, ce qui correspond à la revendication, a minima, "d’une discussion collective et contradictoire du rapport des experts par une commission composée en majorité de pairs élus" ;
6- une ouverture semble se dessiner sur les carrières.
7- la ministre se déclare « prête à prendre » dans le cadre du contrat d’objectifs des engagements sur les moyens nouveaux qui seront attribués au CNRS dès 2010.
Ces reculs sont à mettre au crédit des batailles menées depuis des mois par la communauté scientifique et universitaire. Ils demeurent insuffisants et il est à redouter que comme par le passé, ils ne soient qu’éphémères, d’autant que le chef de l’Etat a réitéré récemment sa volonté d’appliquer l’intégralité du rapport Zerhouni et donc d’exclure la biologie du CNRS. Poursuivant l’action, SLR maintient donc ses exigences, notamment concernant la recherche, celles sur l’emploi scientifique (afin de résorber la précarité chez les jeunes scientifiques) et celles sur la pérennité et l’autonomie du CNRS. Plus largement, nous appelons nos concitoyens à défendre avec nous la liberté d’initiative des scientifiques et la possibilité pour les établissements de recherche (organismes et universités) de pouvoir développer une politique scientifique sans intrusion constante du pouvoir politique dans toutes les étapes et tous les détails de son élaboration et de sa mise en œuvre.