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"Mastérisation : une concertation fantoche ?", par Ixchel Delaporte, L’Humanité, 20 juillet 2009
mercredi 22 juillet 2009, par
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UNIVERSITÉS . Alors que la commission Marois-Filâtre a rendu son rapport, le gouvernement s’apprête à publier les décrets sur la formation des enseignants.
Sans surprise, la commission Marois-Filâtre, chargée de rassembler les divers points de vue sur la réforme de la formation des enseignants, a bien joué son rôle : faire croire à la mise en place d’une concertation. Remis vendredi dernier à Valérie Pécresse et Luc Chatel, nouveau ministre de l’Éducation, le rapport de la commission a été accueilli comme une série de « réflexions et d’analyses ». Rien de plus. DÉCRETS SANS MODIFICATION Comment pourrait-il en être autrement sachant que, d’ici à la fin juillet, les décrets sur la mastérisation, toujours aussi contestés par la communauté universitaire, seront publiés sans aucune modification. À quoi aura servi la commission nationale de concertation ? Réponse, vague et énigmatique, dans le communiqué du gouvernement : « À être prise en compte par les groupes de propositions qui seront installés dès la rentrée. » Affirmant que la concertation a permis « la poursuite d’un dialogue avec l’ensemble des acteurs de la communauté universitaire et éducative », les deux ministres auraient-ils oublié que la conférence des présidents d’université (CPU) et les syndicats ont claqué la porte de la commission ? Première alerte : le 27 mai 2009, le gouvernement présente « des projets de décrets sur les dispositions permanentes de la formation et le recrutement des enseignants » devant le comité technique paritaire. Dès le 28 mai, la CPU menace de suspendre sa participation puisque « certains éléments des projets de décrets anticipent sur les conclusions de la commission de concertation Marois-Filâtre, rendant par conséquent sans objet ses travaux ». Même réaction au SNESUP, principal syndicat du supérieur, qui le 2 juin annonce son retrait des groupes de travail, considérant « le processus de discussion en cours désormais caduc ». Le 10 juin, la CPU confirme son retrait définitif des séances et lance son propre « groupe interconférences universitaires ». DÉCLARATION COMMUNE Si le gouvernement s’est servi de la commission pour calmer les esprits, il semblerait que ni les universitaires, ni les syndicats, ni même la CPU, n’aient l’intention de laisser faire. Une déclaration commune de onze syndicats du supérieur, intitulée « Une rentrée sous haute tension ? » en date du 15 juillet dernier, rappelle que « concernant la réforme dite de “mastérisation” de la formation et du recrutement des enseignants, il faut une remise à plat complète du dossier en y consacrant le temps nécessaire (…). Des garanties sont nécessaires sur le cadre national d’offres de masters non concurrentielles, sur les moyens attribués durablement à la formation des maîtres, parmi lesquels les IUFM et leurs personnels, et sur les mesures sociales à destination des étudiants s’engageant dans les métiers de l’enseignement, sans quoi l’objectif affiché d’élévation des qualifications ne pourra être atteint ». Ixchel Delaporte