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A l’université d’Evry, le "métier d’étudiant" s’apprend avant la rentrée - Benoît Floc’h, Le Monde, 4 septembre 2009
samedi 5 septembre 2009, par
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Ils ne sont plus lycéens, pas encore étudiants. Inscrits à l’université d’Evry (Essonne), ils débuteront d’ici à quelques semaines leurs études supérieures, basculant pour de bon d’un statut à l’autre. Pour leur réussite, cette mue est décisive, mais délicate. L’université a donc décidé de les aider par un stage d’intégration de quinze jours, organisé depuis le 31 août pour les volontaires.
Depuis le début du mois, la majorité des 83 universités organise des "prérentrées" pour leurs nouveaux étudiants. Ces phases d’accueil sont l’un des aspects du "plan de réussite en licence" déployé par le ministère de l’enseignement supérieur depuis 2007. Ainsi, Nancy-I propose une semaine de découverte de son fonctionnement aux étudiants de L1 (première année de licence). Mulhouse fait passer des tests afin de repérer les étudiants qui auront besoin d’un tuteur. Aix-Marseille-III propose une semaine d’orientation, tandis que Lille-III détaille sur son site Internet les conseils de préparation pour chaque parcours de licence.
Dans un contexte universitaire de plus en plus compétitif, montrer que l’on fait tout pour la réussite des étudiants est un élément décisif à l’heure des inscriptions, relève Richard Messina, président de l’établissement : "Nous sommes obligés de réfléchir à la qualité de l’accueil de l’usager pour valoriser notre attractivité", dit-il. L’initiative a fait mouche et "nous sommes débordés !", assure-t-il. Alors qu’ils n’étaient que 70 étudiants lors de la première édition en 2008, ils sont plus de 400 à "pré-rentrer" cette année, sur les 1 000 inscrits en première année de licence. "Ici, c’est un autre monde que le lycée, constate Priscilla Hamon, 18 ans, inscrite en biologie. Ça fait un peu peur. Mais c’est motivant ! Au lycée, on est entre le monde des ados et celui des adultes. Là, on entre dans la société." Ce matin-là, avec une trentaine de néo-étudiants, elle découvre la bibliothèque universitaire.
Tout un symbole. La "BU", "c’est un outil majeur dans la vie des étudiants", prévient Charles Pucheu-Planté, qui les accueille : "Au lycée, je ne dirais pas que vous étiez maternés, mais vous étiez assez encadrés. A l’université, vous aurez beaucoup plus de liberté. Il faudra l’utiliser à bon escient, notamment pour le travail personnel. Et vous pourrez le faire à la bibliothèque. On ne vous demande pas uniquement d’apprendre vos cours. Vous devez aller au-delà. Etre étudiant, c’est être curieux."
Puis M. Pucheu-Planté, professeur documentaliste, leur présente la plate-forme de travail : un site Internet qui permet de consulter des cours, stocker des documents ou communiquer avec une adresse de messagerie universitaire. "Vous avez peut-être trouvé un super pseudo pour votre boîte personnelle, mais, lorsque vous chercherez du travail, prenez plutôt votre adresse universitaire, cela fera plus sérieux", lance-t-il mi-sérieux, mi-blagueur. Ensuite, les étudiants visitent la bibliothèque, un bâtiment lumineux et propice au travail.
Au cours du stage, ils découvriront d’autres lieux. "Au début, je ne me rendais pas compte combien c’est important pou eux de visiter un amphi, admet Annie Chaussé, professeur de chimie, directrice du pôle d’information et d’orientation des lycéens et des étudiants de l’université. Mais ça l’est. L’université, pour eux, c’est l’amphi." Même si, rappelle-t-elle, avec le "plan pour la réussite en licence", lancé par la ministre de l’enseignement supérieur fin 2007, il y a moins de cours en amphi, des groupes plus petits, davantage d’accompagnements...
"C’est trop court"
Ils seront sensibilisés à l’organisation de l’emploi du temps, à leurs nouvelles disciplines, aux méthodes de travail... En réalité, souligne Mme Chaussé, c’est "le métier d’étudiant qu’on essaye de leur faire palper : prendre des notes, comprendre ce qu’il est essentiel de noter, comment aller au-delà, etc.".
Landry Giordan, 18 ans, sait bien qu’il devra apprendre à "étudier tout seul", ce qui contribue à son "stress de la rentrée". "Avec les grèves, j’avais l’impression que la fac est un lieu où l’on ne travaille pas trop, explique-t-il. En faisant le stage, je m’aperçois que c’est un endroit où l’on peut travailler... si on le décide."
Landry compte sur cette pré-rentrée pour se mettre à niveau. Titulaire d’un bac technologique, il pense être "moins avancé" en maths et en physiques que les bacheliers généraux. Le stage n’y suffira pas. "C’est trop court, explique Mme Chaussé. Mais la remise à niveau peut commencer avec la prise de conscience des lacunes." Fondé sur l’auto-évaluation, ce bilan est important aux yeux de M. Messina. A l’entrée de l’université, "on n’est vraiment pas sélectif, dit-il, mais, en contrepartie, l’étudiant doit être conscient de son niveau et en mesure de combler ses lacunes". Ce travail-là, il faut le faire tout de suite, insiste-t-il : "Avant, on se rendait compte que ça n’allait pas au bout de deux-trois mois. Et c’était fichu."
Benoît Floc’h