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Educ : Les mille et une raisons de manifester - par Véronique Soulé, Libéblogs, "C’est classe", 24 novembre 2009
mardi 24 novembre 2009, par
Luc Chatel avait promis le dialogue et au début cela lui avait plutôt réussi. Mais aujourd’hui toute une partie du monde de l’Education ne le croit plus, dénonce des réformes imposées et un simulacre de consultations. Il affronte ainsi sa première grande mobilisation qui sonne comme un avertissement. Retour sur les principaux motifs de mécontentement.
La réforme de la formation des enseignants, ou masterisation C’est l’un des grands sujets qui cimente les différentes organisations : toutes la jugent mauvaise. On ne compte plus les prises de position. Pour le supérieur, cela va de la Conférence des Présidents d’Université (CPU) au Snesup-FSU et à Autonome Sup (plutôt à droite) en passant par SLU (Sauvons l’Université), SLR (Sauvons la Recherche), les étudiants de l’Unef, etc. Pour l’enseignement scolaire, même si les critques sont parfois divergentes, il y a une quasi unanimité contre, des syndicats de la FSU comme le Snes (pour le secondaire) et le Snuipp (pour le primaire), de l’UNSA, du Sgen-CFDT, etc.
Le sujet est potentiellement plus explosif. Avec la réforme du statut des enseignants-chercheurs, il avait été au coeur de la contestation universitaire de l’an dernier. Devant la mobilisation, les deux ministres concernés - outre Luc Chatel, Valérie Pécresse à l’Enseignement supérieur et la Recherche - avaient dû reculer et accepter de la reporter. Cela avait d’ailleurs été l’un des succès la plus tangibles du mouvement.
Les deux ministres ont rendu leurs arbitrages sur les questions-clé qui restaient en suspens. Et cela a provoqué un tollé. Pour résumer, les concours seront en seconde année de master (le M2). Les épreuves écrites pour l’admissibilité, en début d’année, seront disciplinaires. Les épreuves orales pour l’admission, en fin de M2, porteront plus sur le métier. Les stages seront réduits. L’étudiant qui a réussi à la fois son concours et son master ne sera plus l’anné suivante un fonctionnaire-stagiaire en alternance dans des classes et en formation en IUFM. Il sera nommé directement dans une classe avec juste un peu de soutien professionnel.
La critiques portent d’abord sur la place du concours. En deuxième année de master, l’étudiant va se retrouver à devoir préparer son mémoire, bachoter son concours, faire des stages si possible. Une année extrêmement lourde... Du coup, les masters risquent d’être dévalorisés.
Toujours selon les critiques, les concours privilégient trop la partie disciplinaire et réduisent à la portion congrue la formation professionnelle. Les IUFM disparaissent en plus dans la réforme. Et que deviennent les "reçus-collés" (qui ont leur master mais pas le concours, ou l’inverse) ? Les syndicats ne croient guère aux possibilités de reconversion promises par les ministres Enfin le rallongement des études avec la suppression de l’année de stage payée après le concours risque de réduire la mixité sociale des futurs enseignants.
Les suppressions de postes - 16 000 encore en 2010 - continuent de nourrir la grogne. En 2010, Luc Chatel bénéficie de la mise en place la "masterisation" qui permet, de fait, la première année d’économiser des postes. Du coup, il limite la casse. Mais en trois ans, on arrive à plus de 40 000 postes supprimés. Et cela devrait se poursuivre, alors que les enfants du baby boom du début des années 2000 vont arriver au collège.
La réforme du lycée. Les ultimes arbitrages du ministre ont été plutôt mal accueillis. Mais sur ce sujet le front syndical est sérieusement fissuré. Le ministre s’en est d’ailleurs félicité à l’occasion de la mobilisation d’aujourd’hui. Le Sgen-CFDT et le SE-Unsa notamment, favorables à une réforme de fond, reconnaissent des avancées. Mais le Snes tempête.
Surtout les représentants de deux disciplines sont montés au créneau. Les professeurs de SES (Sciences économiques et sociales) s’estiment les grands sacrifiés de la réforme. Leur matière était jusqu’ici un enseignement de détermination de 2 heures 30 par semaine en seconde (dont une demie heure en classe dédoublée). Elle devient un enseignement "d’exploration" d’1 heure 30, en concurrence avec une nouvelle matière "Economie appliquée et gestion". Les profs de SES, qui appellent aussi à une mobilisation le 2 décembre, ont bien dautres griefs. Nous y reviendrons dans une note à part.
Les enseignants d’histoire-géographie protestent, quant à eux, contre la suppression de leur discipline parmi les matières obligatoires en terminale S. L’histoire-géo y devient en effet optionnelle. Elle figure désormais parmi les matières anticipées du bac en fin de première.
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