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L’université (unique) d’Aix-Marseille est-elle bien partie ? par J. Boulesteix, 22 décembre 2009
mardi 22 décembre 2009, par
C’est donc maintenant acquis. Les conseils d’administration de chacune des 3 universités se partageant le paysage universitaire d’Aix et de Marseille, ont voté vendredi dernier la fusion pour le 1er janvier 2012. Ils ont également approuvé un texte intitulé “Principes fondateurs d’une université unique“, rédigé par les Présidents des Universités dans le but de réaliser la fusion. Ce “socle de principes généraux”, assez détaillé puisqu’il pèse 52 pages, a été contesté jusqu’au bout par une minorité significative et n’a pas fait l’objet d’amendements.
Le vote est assez différent selon les universités. De justesse à l’Université de Provence UI (16 contre 13), massif à l’Université de la Méditerranée UII (25 contre 5) et écrasant à l’Université Paul Cézanne UIII (24 contre 1 avec 3 abstentions). Ceux qui se sont opposés affirment qu’il ne sont pas contre la fusion, mais contre la base sur laquelle elle s’opère et qu’ils ne peuvent accepter le libellé de certains principes fondateurs.
Sur quoi porte donc la polémique ?
D’abord, l’une des ambitions de l’université unique est, selon le texte fondateur (page 5) de “passer d’un modèle organisationnel traditionnel à un modèle entrepreneurial”. Voilà qui fâche. L’université doit elle être une entreprise ? doit-elle avoir le modèle de gestion d’une entreprise ? Pour le moins, dans le contexte controversé du libéralisme actuel, le texte est maladroit, voire provocateur.
En second lieu, juste après avoir indiqué logiquement le besoin “d’améliorer la visibilité et la lisibilité de la recherche du site en affichant ses domaines d’excellence”, l’affirmation selon laquelle “le nombre de pôles d’excellence doit être restreint” (page 14). L’un induit-il l’autre ? Afficher ses forces, sans doute, mais limiter les pôles d’excellence, n’est-ce pas un pas vers l’élitisme, une université thématiquement à deux vitesses, indépendamment de la qualité des ses enseignants ou de ses chercheurs ? Quel avenir pour les “petites” disciplines ?
Autre sujet de discorde, la création de nouveaux enseignements. Le texte fondateur avance d’une manière un peu provocatrice la nécessité “d’une étude de marché
précise” pour les diplômes en création (page 20). En soi, pourquoi pas, si la fonction d’enseignements généraux et transversaux reste centrale et s’il ne s’agit que de valider certains contenus plus professionnels ? Mais les opposants font remarquer que la tendance est autre et que l’on est en train d’instaurer une prédominance “utilitariste” de l’enseignement universitaire. Ceci aurait mérité débat.
Enfin, page 45, “Face à ces sollicitations, les universités sont amenées à se positionner du côté de l’offre, mettre en valeur leurs spécificités, montrer en quoi elles sont meilleures que d’autres, en bref agir dans un contexte concurrentiel et se comporter en tant qu’acteur économique à part entière”. C’est ce qui prouve, aux yeux des opposants, qu’il ne s’agit pas d’une simple fusion, mais d’un changement majeur de l’esprit universitaire.
Un débat interne avorté et des votes peu lisibles
Lire la suite (et télécharger les textes) sur le blog de J. Boulesteix.