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Communiqué de QSF sur la masterisation (22 mars 2010)
lundi 22 mars 2010, par
Pour lire ce communiqué sur le site de QSF.
Depuis bientôt trois mois, dans toutes les universités, nos collègues se débattent face aux difficultés d’application des arrêtés du 31 décembre 2009 fixant les cadres de la mastérisation des concours. Cette situation prouve que la réforme a été mal conçue et qu’elle n’apporte pas de solution durable aux problèmes qu’elle prétend résoudre.
Le gouvernement a maintenu son projet de concentrer dans une seule année le concours, le master 2 et le stage « en situation », compromettant ainsi l’intérêt de l’année supplémentaire de formation des professeurs qui avait été décidée par le président de la République. Les épreuves des concours ont été réduites, ce qui affaiblit la possibilité de bien sélectionner les meilleurs enseignants. Sur ces points fondamentaux, QSF avait plusieurs fois mis en garde depuis novembre 2008 et jusqu’à son dernier communiqué du 14 décembre 2009, en défendant la place des connaissances disciplinaires dans les concours et le maintien de vrais masters recherche.
Quelques-unes des demandes de QSF ont été toutefois entendues. Ainsi, l’agrégation ne se prépare pas pendant, mais après le master 2 (qui peut aussi bien être un master recherche qu’un master enseignement). Le support horaire des masters enseignement peut aller jusqu’à 240 heures, si les universités en ont les moyens et pour autant que les calendriers des concours le permettent. Enfin, la part du pédagogique a moins entamé le disciplinaire qu’il n’était prévu dans les projets initiaux. Mais QSF désapprouve l’épreuve fortement idéologique intitulée « Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable » insérée au sein d’un des oraux disciplinaires, et en demande la suppression.
Les universités sont aujourd’hui confrontées à la difficulté de mettre en place des maquettes dans ce cadre nouveau, et doivent trouver les solutions les moins défavorables à la formation des futurs enseignants. Elles doivent aussi faire en sorte qu’il soit possible de mener à terme un vrai master recherche avant d’entreprendre la préparation à l’un des deux concours, CAPES ou agrégation. A l’inverse, on pourra se demander si un étudiant qui a suivi la filière enseignement (en ayant ou non réussi les concours) peut entrer directement en doctorat, ou s’il est préférable qu’il refasse une année de master 2 recherche. Cette solution impliquerait que le diplôme du master enseignement soit distinct de celui du master recherche : ce qui suppose que la filière enseignement soit, au moins en M2, dégagée dans les maquettes comme une spécialité plutôt que comme un simple parcours. Ces choix se feront en prenant notamment en compte les différences d’une discipline à l’autre, les situations locales et le poids des IUFM à l’intérieur des universités.
C’est aussi au niveau local que devra être réglé le problème délicat posé par l’organisation des mesures transitoires. Il est sans doute normal de ne pas priver les étudiants qui préparent cette année le CAPES avec une simple licence, ou l’agrégation avec un master 1, de la possibilité de repasser le cas échant les concours l’an prochain. Un équilibre doit cependant être trouvé, afin de ne pas brader cette année nos masters (1 et 2) en les donnant de façon quasi-automatique, au détriment de la qualité de la formation à la recherche. Il aurait été de loin préférable que l’application de la réforme soit repoussée d’un an, et d’éviter ainsi ce régime dérogatoire.
Parmi les points les plus confus de la réforme, il faut citer la « troisième » voie au semestre 4 (second semestre du M2) pour les non-admissibles au CAPES, qui doivent suivre une filière de réintégration dans le monde professionnel hors-enseignement : le risque est grand de voir apparaître des intitulés purement rhétoriques et sans contenu pédagogique substantiel. Cette troisième filière ne règle de toute façon pas le problème des candidats recalés au CAPES tout en étant titulaires d’un master (les « reçus-collés »), car il restera encore les recalés à l’oral, qui, eux, auront bien un master enseignement sans CAPES.
Ce problème refait enfin surgir l’inquiétude de voir se développer dans le futur, plus encore que par le passé, le recrutement systématique d’enseignants non-titulaires et le développement d’un statut précaire des enseignants du secondaire.