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Une rentrée en terrain miné pour les jeunes enseignants - Marion Cocquet, Le Point, 19 août 2010
vendredi 20 août 2010, par
De quoi être refroidi. Certaines des recrues 2010 de l’Éducation nationale seront seules devant leur classe à la rentrée. Le SNES (syndicat national des enseignements de second degré, majoritaire) appelle en effet ses membres au boycott du tutorat des jeunes collègues. Une action coup de poing, dont le syndicat espère qu’elle oblige Luc Chatel à revenir sur la "mastérisation" de la formation des enseignants.
Cette réforme, annoncée en juin 2008 par Nicolas Sarkozy, bouleverse les procédures de recrutement : les concours sont désormais accessibles au niveau master 2 (bac + 5) et non plus licence (bac + 3), et les étudiants reçus feront leurs premiers pas dans la grande maison avec un temps complet de 18 heures, sans passer par la case IUFM (les instituts universitaires de formation des maîtres, supposés disparaître à terme). Un sort bien différent de celui de leurs prédécesseurs, dont la semaine se partageait entre un service de 8 heures ou 10 heures, le tutorat d’un collègue et les temps de formation à l’IUFM.
Une réforme qui fait l’unanimité contre elle
Objectifs affichés de la "mastérisation" : élever le niveau de qualification des personnels enseignants et professionnaliser le recrutement, via des stages durant l’année de préparation aux concours. Durement contestée dès ses débuts, la réforme n’a été adoptée qu’en juin 2009 pour la rentrée 2010 - un an après la date initialement prévue par Xavier Darcos, en charge du dossier avant Luc Chatel.
"Les jeunes enseignants vont découvrir le métier dans des conditions très difficiles", déplore Michel Richard, secrétaire national adjoint du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale). "18 heures devant une classe demandent parfois le double en préparation à un enseignant confirmé. Pour un stagiaire, elles représenteront 3 à 3,5 fois la durée des cours. Il est illusoire de penser qu’il pourra, en plus, passer du temps dans la classe de son tuteur", souligne-t-il.
Autre sujet d’inquiétude : des temps de formation sont prévus, regroupés au cours des trimestres, qui impliqueront des remplacements massifs en cours d’année. Compte tenu des suppressions de postes, les directeurs d’établissement craignent, déjà, de ne pouvoir les assurer. "Cette réforme se fait au détriment et des personnels, et des élèves, et du service public de l’éducation, assure Michel Richard. Ce n’est pas un hasard si elle fait l’unanimité contre elle, jusque dans les couloirs du ministère."
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