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L’éducation, combien d’inaugurations ? - Véronique Soulé, blog "C’est classe !", 12 septembre 2010
lundi 13 septembre 2010, par
Inaugurations d’internats ou de conteneurs, petit saut à l’étranger, annonces en tous genres : les ministres de l’Education et de l’Enseignement supérieur se sont beaucoup agités en cette rentrée 2010. Ils ont à leur actif cinq inaugurations - dont une commune - et bien plus d’annonces, certaines importantes, d’autres pas. Ou comment occuper les journaux télévisés sans jamais dire ce qui ne va pas et en se montrant de zélés réformateurs .
Retour sur ce tourbillon en essayant de démêler les véritables annonces de celles en trompe-l’oeil, exagérées ou totalement vides.
D’abord, il est difficile de dire qui a commencé :
Le 26 août, la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse annonce que les étudiants pourront continuer à toucher les aides au logement et leurs parents à bénéficier de la demi part fiscale. Le gouvernement qui voulait interdire le cumul a dû reculer face au mécontentement des jeunes et des classes moyennes. Là, c’est une vraie annonce.
. Le même jour, Luc Chatel à l’Education annonce dans le Figaro une réforme des sanctions à l’école, très dans l’air du temps sécuritaire. Mais là, rien de très concret.
. L’après-midi, il fait un aller-retour à Copenhague pour étudier - vite fait - les rythmes scolaires danois. On est sur "une planète différente", conclut-il sobrement. Rien de concret donc, mais le thème plaît et le ministre va en reparler toute l’année.
Le 29 août sur RTL, Luc Chatel annonce un "ambitieux plan numérique pour l’école". Mais il a déjà annoncé le même plan en septembre 2009. L’annonce tombe à plat.
Le 30 août, sa collègue du Supérieur inaugure au Havre une résidence étudiante à base de conteneurs. "Il faut faire preuve d’imagination", dit-elle fort à propos. Elle se félicite des progrès dans le logement étudiant. Ce qui n’est pas faux mais pas totalement vrai. Le retard qui s’est accumulé est tel que l’on reste encore loin des objectifs initiaux (figurant dans le plan Anciaux) .
Le 31 août, Luc Chatel fait sa conférence de presse de rentrée, optimiste. Il manquera des manuels de seconde et les profs débutants vont commencer l’angoisse au ventre, faute d’avoir été préparés. Le ministre n’en souffle mot.
Le 2 septembre, Valérie Pécresse se rend à l’IUT de Créteil pour rassurer les responsables des IUT qui craignent de laisser des plumes avec l’autonomie des universités. Rien de très concret mais des mots apaisants.
Le 3 septembre, au lycée Gustave-Monod d’Enghien, elle lance une classe préparatoire littéraire en partenariat avec Paris XIII. "Je veux faire tomber les murs de béton qui séparent la logique universitaire de la logique des classes préparatoires", dit-elle. Elle annonce aussi un concours commun qui permettra aux recalés de la rue d’Ulm de se replier sur des écoles de commerce ou des IEP (instituts d’études politiques). Deux annonces bien vendues, mais on reste dans la continuité.
Le 8 septembre, elle fait un point sur les avancées du numérique à l’université. Il y a bien - heureusement - des progrès mais la ministre en fait beaucoup. Là encore, une annonce bien vendue.
Le 9 septembre, les deux ministres accompagnent Nicolas Sarkozy lors de l’inauguration d’un "internat d’excellence" à Marly-le-Roy. Le président célèbre le mérite, les jeunes de banlieue qui "veulent se battre et qui méritent qu’on les aide" et les autres "qui méritent d’être sanctionnés". Là, c’est une vraie inauguration : on est en plus au coeur de l’idéologie sarkozyste sur l’éducation.
. Le même jour, Valérie Pécresse enchaine par la visite d’une caserne à Paris. L’invitation à la presse est alléchante : "V. Pécresse à la caserne Lourcine transformée en centre de la vie étudiante". En fait pas le moindre chantier en cours. La ministre signe la vente avec son homologue de la Défense Hervé Morin. Les politiques sont pressés par le temps. Avant, ils posaient la première pierre. Aujourd’hui, ils inaugurent un projet, font une annonce virtuelle.
Le 13 septembre, demain donc, Luc Chatel va se rendre dans le premier "établissement de réinsertion scolaire" réservé aux élèves perturbateurs "qui empoisonnent la vie des autres" (dixit Sarkozy), situé à Tende, dans les Alpes Maritimes, en compagnie d’Eric Ciotti, le monsieur Sécurité de l’UMP, et de Christian Estrosi, le maire de Nice. Une vraie inauguration - mais il n’y aura que quelques jeunes, l’école venant de reprendre -, surtout symbolique de la fin du laxisme décrétée par Nicolas Sarkozy..
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