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Formation des enseignants : « Il faudra reconstruire quelque chose » - blog-interview d’André Ouzoulias (1 et 2) - Luc Cédelle, "Interro écrite", blog du Monde, 21 septembre 2010

jeudi 23 septembre 2010, par Laurence

Voici les deux premières parties d’un entretien sur la réforme de la formation des enseignants, an 1, et sur des sujets connexes.

Une troisième partie a été publiée le 23 septembre, sur le statut des sciences de l’éducation, de la pédagogie et des didactiques. On peut la lire ici.

André Ouzoulias est formateur à l’IUFM de Versailles, Université de Cergy-Pontoise

Les conséquences de la réforme (dite « mastérisation ») de la formation initiale des enseignants se font maintenant sentir concrètement sur le terrain. Le renvoi à la responsabilité de chaque rectorat des modalités précises de sa mise en œuvre aboutit à un grande diversité des conditions auxquelles sont confrontés les nouveaux enseignants stagiaires.

La situation des instituts universitaires de la formation des maîtres (IUFM) est également diverse et difficile à cerner. Très techniques et, qui plus est, mouvantes, ces questions ne peuvent être abordées par les grands médias que de manière simplifiée. Après la blog-interview (partie 1 et partie 2) de Jean-Louis Auduc, directeur adjoint de l’IUFM de Créteil, nous revenons sur ce dossier avec la parole d’un autre de ses acteurs, André Ouzoulias. En voici la première partie.

Vous êtes professeur à… comment dois-je dire ? À l’IUFM de Versailles, université de Cergy-Pontoise ? Ou dans l’ordre inverse ? Ou seulement à l’université ?

Je suis formateur à l’IUFM de l’académie de Versailles, école interne de l’Université de Cergy-Pontoise (UCP) depuis 2006, date à laquelle chaque IUFM a été intégré à une université. Il n’y a aucune raison d’opposer les deux institutions, l’une étant une composante de l’autre. Du point de vue administratif, mon poste est géré par l’université, mais au quotidien, c’est l’IUFM qui gère mes missions, à partir d’orientations et de règles fixées par les instances élues de l’université.

Nombre de mes collègues de l’IUFM participent naturellement à des masters de l’UCP, notamment des masters second degré. Beaucoup d’enseignants-chercheurs en poste à l’IUFM font partie d’un laboratoire de l’UCP. La jeune équipe ÉMA (école, mutations, apprentissages), composée pour l’essentiel de chercheurs en poste à l’IUFM, a co-organisé le semestre thématique de l’UCP (sur le thème Éduquer et transmettre : quelle école demain ?).

Des habitudes de travail en commun se sont installées avec la plupart des UFR. En somme, sans doute aussi un peu par la force des choses, l’intégration de l’IUFM dans l’UCP s’est plutôt bien réalisée et la « mastérisation » de la formation des enseignants n’a fait que l’accélérer et la consolider. Mais cela ne reflète peut-être pas la relation de tous les IUFM avec l’université qui les a intégrés.


Quelle est votre spécialité ? Comment définissez-vous votre rôle et vous situez-vous dans une discipline universitaire précise ?

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« Oui au primat de l’expérience dans la formation, mais la pratique seule ne peut suffire », nous dit André Ouzoulias, pour qui « la fin de la formation en alternance signe une régression historique ». Deuxième partie de notre blog-interview de ce professeur à l’IUFM de Versailles, université de Cergy-Pontoise.

Comment s’effectue, dans votre l’IUFM, la rentrée ?

La rentrée des formateurs de l’IUFM a démarré le lundi 30 août. Pour l’instant, deux problèmes principaux occupent encore les esprits :

- Combien y aura-t-il d’inscrits en M1 et combien en M2, notamment dans la spécialité la plus « stratégique » pour notre IUFM de son master Éducation et Formation, la spécialité 1er degré, qui prépare au concours de PE ?

- Comment organiserons-nous le travail ?

Sur le premier point, l’IUFM de Versailles n’échappe pas à la tendance générale : malgré un bon début en juin, les inscriptions tardaient à se manifester à la rentrée de septembre. Il faut dire que, pour les M2, la baisse du nombre de postes mis au concours a été dissuasive. Dans l’académie de Versailles - la plus grande de France - on est passé de 750 postes à 400 ! On en saura plus à la fin du mois de septembre, mais l’IUFM peut prendre les inscriptions jusqu’au 15 octobre.

Sur le second point, malgré le travail de bénédictin que les responsables des emplois du temps ont fait pendant l’été, nous rencontrons des impossibilités techniques, des imprévus et il y a encore beaucoup d’incertitudes… Mais le plus inquiétant est sans doute la détermination des contenus d’enseignement, des programmations et des modalités d’évaluation sur lesquels, dans certaines disciplines, les concertations et le processus décisionnel viennent seulement de commencer.

Le ministère a demandé les maquettes de master pour juin dernier. Mais il y a loin d’une maquette qui dessine des grandes masses à la construction des enseignements effectifs. Ces délais sont fous. Nous sommes en train de concevoir en ce moment ce qui aurait dû l’être au printemps dernier. Bref, nous ne savons pas encore bien où nous allons et par où nous passerons, mais nous sommes en route…

Comme on le voit, la réforme ne fait pas disparaître les IUFM. Tous pilotent des masters premier degré, ASH (adaptation scolaire et intégration des élèves en situation de handicap), CPE (conseillers principaux d’éducation) et PLP (professeurs des lycées professionnels) et beaucoup participent aux masters second degré des universités.

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