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Jean-Charles Pomerol s’érige en vaillant défenseur de la société de connaissance... grâce à la contractualisation des personnels (29 septembre 2010)
mercredi 29 septembre 2010, par
Pour Jean-Charles Pomerol, président de l’université Pierre et Marie Curie, le statut de la fonction publique, qui entraîne la bureaucratie, n’est pas adapté à la société de la connaissance. Extrait : "...on comprend bien que cela ne peut fonctionner que dans des organisations stables, bureaucratiques dans lesquelles la plupart des postes sont interchangeables, tout le contraire de la société de la connaissance que nous devons construire si l’on veut léguer un avenir et du travail à nos enfants. C’est pourquoi, malgré les réticences, le service public recrute et recrutera de plus en plus de contractuels : pour tous les nouveaux métiers, pour les remplacements, pour tous les travaux spécialisés dans les laboratoires."
Le reste de son éditorial ci-dessous ou sur le site de Paris 6
"Une charte pour les personnels contractuels Biatoss"
Par Jean-Charles Pomerol, président de l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6)
Le statut du personnel de la fonction publique a été refondu à la Libération dans un monde techniquement très éloigné du nôtre, avec un nombre de fonctionnaires (Etat, hôpitaux, collectivités locales) dix fois inférieur à ce qu’il est maintenant et dans un contexte politique très influencé par la conjonction du centralisme à la française et la vision des ministres de l’époque.
Ce statut a deux caractéristiques principales : le concours national et l’évitement. Le concours national pour la justice et éviter le favoritisme ou le trafic d’influence. Certes le concours permet le succès sur leur seule valeur de personnes qui l’ont bien préparé. Mais il avantage les connaissances scolaires sur l’expérience et surtout, il n’est plus du tout adapté à la complexité et à la technicité des métiers de la fonction publique. De plus en plus chaque métier est unique et nécessite une fiche de poste qui le rend unique. Notons aussi que l’objectif de neutralité n’est pas toujours atteint car il est facile de trouver, dans tous les établissements publics, des exemples de « regroupements familiaux ou autres ».
La deuxième caractéristique est l’évitement ainsi caractérisé par Michel Crozier dans son célèbre livre « Le phénomène bureaucratique ». Très schématiquement, la fonction publique est organisée de telle sorte que ni les promotions, ni les rémunérations, ne dépendent de ceux qui ont à connaître le travail d’un agent et surtout pas son supérieur hiérarchique. Il en va de même du recrutement, aucune personne destinée à travailler avec le futur agent (directeur de laboratoire, chef de service, etc.) ne peut influer sur le processus de recrutement.
A le dire, on comprend bien que cela ne peut fonctionner que dans des organisations stables, bureaucratiques dans lesquelles la plupart des postes sont interchangeables, tout le contraire de la société de la connaissance que nous devons construire si l’on veut léguer un avenir et du travail à nos enfants. C’est pourquoi, malgré les réticences, le service public recrute et recrutera de plus en plus de contractuels : pour tous les nouveaux métiers, pour les remplacements, pour tous les travaux spécialisés dans les laboratoires. Nous ne pouvons ignorer le phénomène, cela nous oblige donc à organiser la cohabitation harmonieuse des différents statuts.
Après avoir mis en place une politique de primes transparente et équitable et avoir, pour la première fois dans les universités, mis en place un référentiel pour les primes techniques des BIATOSS travaillant dans les laboratoires à l’identique de celui concernant l’administration, nous nous proposons de mettre en place une charte des contractuels qui nous oblige à de bonnes pratiques et fixe les droits et devoirs des personnes concernées.
Après un premier échange de vue avec les organisations syndicales qui ont bien voulu répondre à notre invitation : Indépendants, SGEN et UNSA, nous allons maintenant porter la discussion devant les conseils centraux. Les idées qui émergent sont les suivantes :
de bonnes pratiques de recrutement, avec fiche de poste, entretien et référence à niveau indiciaire de la fonction publique ;
des règles d’avancement parallèles à celles de la fonction publique ;
la prise en compte du moindre niveau de retraite des contractuels par la mise en place d’un système de retraite complémentaire collectif et obligatoire, si c’est légalement possible ;
transformation des CDD en CDI, ou mise de postes au concours, au plus tard à l’issue de la troisième année de CDD.
Voilà les pistes qui seront proposées et discutées devant les conseils. Une fois encore l’UPMC entend montrer que, dans le cadre de l’autonomie, on peut réaliser des avancées sociales tout en remplissant encore mieux nos missions. Si l’on ajoute que nous allons aussi, à la demande des directeurs d’UFR, améliorer le dispositif de prime pour les agents de catégories C et B qui manifestent une grande disponibilité sans pour autant exercer des fonctions de responsabilité éligibles à la PER, on voit qu’à l’UPMC personne n’est laissé sur le bord de la route de l’amélioration du service public.