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Appel de Bobigny : le monde éducatif fait du pied aux politiques - Louise Fessard, Mediapart, 20 octobre 2010
mercredi 20 octobre 2010, par
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Alors que lycéens et enseignants manifestent contre les retraites, une cinquantaine d’organisations du monde éducatif ont appelé, mardi à Paris, les partis politiques à « faire de l’éducation un objectif prioritaire » en vue des prochaines élections présidentielles. « Nous rassemblons ceux qui sont sur le terrain, ont déjà expérimenté, ont créé des pistes et manquent d’un projet éducatif global, explique Yves Fournel, président du Réseau français des villes éducatrices et adjoint au maire de Lyon chargé de l’Éducation. Nous appelons au grand débat qui a fait défaut lors des dernières élections françaises et européennes. »
Cet appel de Bobigny, qui réunit les principaux syndicats enseignants, la plus grosse fédération de parents d’élèves (FCPE), des associations d’éducation populaire ainsi que plusieurs villes, est le fruit de deux ans de travail.
« Une première historique à la fois par le nombre d’acteurs et leur diversité (une trentaine d’organisations ont signé l’appel, dont la CGT et la CFDT, ndlr) », estime Claude Lelièvre, historien blogueur sur Mediapart. Vous pouvez également suivre le débat sur Mediapart dans l’édition Appel de Bobigny. « A chaque fois qu’on creuse un problème, on retombe sur des questions d’éducation », estime Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT.
Les propositions mettent l’accent sur l’équité pour « assurer un droit réel à l’éducation sur tous les territoires au-delà d’une égalité formelle des chances », selon Yves Fournel. L’appel s’empare également des débats actuels, sur les rythmes scolaires en demandant « d’alléger la journée » et de « refuser la semaine actuelle de quatre jours », et sur la réforme de la formation des enseignants « qu’il faudra remettre à plat » pour établir « un contrat de confiance entre la nation et les professionnels de l’école ». Mais loin de se limiter au rôle des enseignants, les organisations signataires veulent reconsidérer l’éducation dans sa globalité « dans tous les temps et espace de vie des enfants, pas seulement à l’école », précise une représentante de l’association Défense des enfants international.
Une quarantaine de maires signataires
Et le coût de ces propositions généreuses ? La plus aboutie porte sur un plan national pour pour les zéro-six ans et vise à conforter l’école maternelle et à créer 300.000 places pour la petite enfance, grâce à un investissement de...10 milliards d’euros sur cinq ans ! « Les coûts paraissent énormes, reconnaît Yves Fournel. Mais ils sont à mettre en relation avec le dérapage de la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje, une aide financière pour les parents pour faire garder son enfant à domicile ou compenser une réduction de leur activité professionnelle, ndlr) passée de 8 milliards d’euros à 11 milliards en trois ans. »
Parmi la quarantaine de maires qui ont à ce jour signé l’appel, tous émargent à gauche. « Mais c’est ouvert à tous, on ne s’inscrit pas dans une démarche politicienne », dit Yves Fournel qui rappelle, sourire en coin, que Chaumont, la ville du ministre de l’éducation nationale et porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, fait toujours partie du Réseau des villes éducatrices. Le Monde a dévoilé mardi une première mouture du programme éducation du PS qui doit être proposé à la convention sur l’égalité réelle du 11 décembre 2010. Malgré quelques divergences, les deux textes se rejoignent notamment sur la nécessité de mettre le paquet sur l’école primaire, la petite enfance, et les élèves des territoires en difficulté.
A un an et demi des présidentielles, les appels du pied aux partis politiques se multiplient. Une cinquantaine de chercheurs confrontés à « l’anxiété, au mal-vivre, à la souffrance des élèves, des parents et des enseignants » ont ainsi lancé sur Libération (et demain sur Mediapart) un appel aux partis de gauche. L’urgence est selon eux à « la conception et à la mise en chantier d’une grande réforme scolaire, retrouvant l’ambition du plan Langevin-Wallon de 1947, en franche rupture avec la logique ségrégative qui domine aujourd’hui notre système éducatif ».
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