Accueil > Revue de presse > "Bertrand Monthubert tire la leçon de l’Academic Pride"
"Bertrand Monthubert tire la leçon de l’Academic Pride"
Entretien avec S. Huet sur le site de "Libération", publié le 28 mai 2008
jeudi 29 mai 2008, par
Pour lire l’entretien sur le site.
Hier soir, au ministère de la recherche, diner débat sur les vols spatiaux. On y croise de l’astronaute en tous genres (général : Jean-Loup Chrétien, Léopold Eyharts tout juste revenu de la station spatiale ; féminin : Claudie Haigneré ; au long cours (six mois en orbite) : Jean-Pierre Haigneré ; et Jean-François Clervoy). Avant d’entamer le menu, un proche de Valérie Pécresse me demande "alors, ils étaient combien ?... les RG nous ont dit 2500".
Le ministère s’inquiète donc. De savoir si sa politique soulève contestation. Car la ministre veut le beurre et l’argent du beurre : réformer vite, mais se faire applaudir par tout le monde. Pas facile.... et même impossible. Au lendemain de l’Academic Pride, Bertrand Monthubert, président de Sauvons la recherche en tire un bilan express.
Quel bilan tirez vous de l’Academic Pride ?
Bertrand Monthubert : Un bilan positif, puisque nous avons sans doute réussi la plus grosse mobilisation depuis 2004. Avec de 5000 à 6000 personnes à Paris et plusieurs rassemblement dans les grandes villes de province. Cela montre une volonte de la Communauté Scientifique de mettre un terme aux coups de force permanents du gouvernemnet qui impose des réformes sans aucune concertation, et sans répondre aux véritables besoins de la recherche et de l’Enseignement Supérieur. Mais cela n’est qu’une étape qui doit être suivie d’autres moments d’actions que nous allons définir très vite.
Après les déclarations de Valérie Pécresse au Monde et l’interview de Madame Bréchignac à Libération, on n’y comprend plus rien : que va devenir le Cnrs ?
Bertrand Monthubert : La situation peut sembler surréaliste. La ministre a anoncé ce que serait l’évolution du CNRS avant même que ses instances n’en débattent. Et la présidente du Cnrs semble faire la sourde oreille. Il serait sain de sortir de cette méthode de gouvernement. S’il y a des évolutions à conduire dans les structures de la recherche publique, elles ne peuvent pas être menées avec succès si elles se font dans le dos et contre ceux qui, au quotidien, font progresser la connaissance. Nous nous opposons résolument à un processus qui conduirait au démantèlement du Cnrs en lui retirant notamment sa capacité à élaborer une politique scientifique globale concernant l’ensemble des champs du savoir.
Quelle sont vos demandes prioritaires au gouvernement ?
Bertrand Monthubert : l’un des enjeux majeurs de la recherche c’est d’attirer des jeunes parmi les meilleurs étudiants. Cela ne se fera pas par une augmentation de la précarité, alors que les salaires restent à un niveau beaucoup trop modeste à l’embauche, aux alentours de 1700/1800 euros net par mois. En outre, avec les contrats de 3 à 5 ans après la thèse que le gouvernement veut imposer, on va recruter à plus de 30 ans, jusqu’à 35, avec des salaires inférieurs à ceux d’un ingénieur débutant. On ne peut pas à la fois dire qu’il faut développer la recherche, accueillir plus d’étudiants à l’Université et améliorer leurs conditions d’encadrement ... sans créer le moindre emploi permettant d’effectuer ces missions. Or, pour la première fois depuis bien longtemps, à l’exception de 2004, on ne crée pas d’emplois dans l’Enseignement Supérieur. Il s’agit bien là d’un choix idéologique et non pas budgétaire. En effet les moyens attribués en 2008 à la recherche et à l’Enseignement supérieur, s’ils avaient moins privilégié le crédit d’impot recherche dont l’efficacité n’a jamais été démontrée, auraient permis de créer de nombreux emplois.