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Histoire de France : critique de la Maison pure - Antoine Perraud, Médiapart, 27 novembre 2010
lundi 29 novembre 2010, par
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Pour commencer, voici un petit reportage dans le lieu guigné par l’Élysée pour y installer sa Maison de l’histoire de France : les Archives nationales, à Paris, dans le Marais. Histoire de rendre compte de la fièvre qui gagne l’hôtel de Soubise occupé par son personnel (des magasiniers aux conservateurs), nous avons adopté le style sautillant du JT, avec toutefois des ruptures (involontaires) de son, façon feu l’ORTF (le commentaire sur images s’avère parfois quasiment inaudible et ceux qui entendront « La Maison de l’histoire de France va-t-elle demeurer, telle la butte témoin d’un fiasco doctrinaire, au sein des Archives nationales ainsi ternies ? » sont assurés d’avoir l’ouïe fine...) :
Vidéo ici
Dans la bibliothèque Jean-Maitron du Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Paris-I - CNRS), un problème d’image, au sens propre (la caméra fut mal réglée), rend les intervenants un peu jaunes ; ce qui tient du plus injuste paradoxe. Les universitaires réunis ne sont pas des « jaunes » : on ne les trouvera jamais au sein du conseil scientifique de la Maison de l’histoire de France, que tente laborieusement de constituer Frédéric Mitterrand (le débauchage de savants prêts à entrer dans la voie d’une telle collaboration s’avère malaisé).
« Un musée mis au service d’un discours »
Sophie Wahnich, experte de la Révolution française et du rôle des émotions dans les débats historiographiques voire identitaires, récuse la Maison que tente d’imposer Nicolas Sarkozy. Selon elle, un musée venu d’en haut et qui prétend exposer, éviscérée de ses conflits et de ses pluralités, une histoire exemplaire et singulière à contempler, n’est que propagande dans laquelle le citoyen redevenu sujet se voit sommé de se mirer : Vidéo
Nicolas Offenstadt rebondit en un propos retenant le rythme ternaire qui sied, pour déconstruire, primo, un musée d’histoire... secundo... de France... tertio... nanti de fâcheux enjeux politiques : vidéo Médiapart
« Une question aux historiens sur l’échelle de leur réflexion »
De son côté, Jean-Louis Robert explique comment la Maison présidentielle s’inscrit en réaction à une mémoire nationale passée de l’héroïsation à la victimisation, qui voudrait contraindre les historiens à panser plutôt qu’à penser : vidéo
L’historien et démographe Alain Blum, spécialiste du monde russe et est-européen, examine le projet français à la lumière des musées qui ont cherché à reconstruire « une sorte d’histoire nationale » à la suite de l’éclatement de l’URSS en 1991 : vidéo
« Créer des lieux de contre-culture face à la culture produite par l’Etat »
Pour conclure, discussion générale portant sur : conflictualiser ou relativiser l’histoire en des lieux de mémoire ; demandes mémorielles de la part de minorités érigées en ennemies ; « régime d’historicité » (dépaysement temporel) éliminant l’utopie. Le tout se termine sur une sorte de Serment de la bibliothèque Jean-Maitron : si se constitue un conseil scientifique pour prétendument piloter la Maison de l’histoire de France, il ne signifiera pas grand-chose et nos historiens n’en feront point partie : vidéo