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Nicolas Sarkozy face aux inquiétudes des présidents d’université - Philippe Jacqué, Le Monde, 22 décembre 2010
mercredi 22 décembre 2010, par
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Lors de ses vœux en janvier 2010, Nicolas Sarkozy s’était engagé à recevoir les cinquante et un présidents d’université dont les établissement étaient passés à l’autonomie en 2009 et 2010. Avant le changement de statut de vingt-deux nouvelles universités, le 1er janvier 2011, le chef de l’Etat a tenu, mardi 21 décembre, la dernière des trois réunions de travail sur ce thème.
"Il adore ce genre d’exercice, confie-t-on dans son entourage. L’université est un sujet qui le passionne." "En rencontrant les présidents, il a l’impression de toucher du doigt la réforme du quinquennat", explique un autre observateur. "Ce n’est pas Chirac qui aurait reçu des présidents d’université", persifle un autre…
Autonomie, budget, grand emprunt, réorganisation de la carte universitaire... Tous les enjeux universitaires actuels ont été abordés au cours d’une discussion "très libre et à bâtons rompus", selon un président présent. Nicolas Sarkozy s’est dit "content" de la loi d’autonomie, ont rapporté plusieurs participants. "Depuis 2007, l’université a beaucoup changé, a expliqué le chef de l’Etat. Ceux qui la regardent de l’extérieur le voient plus que vous, qui la gérez au quotidien."
"SUR L’AUTONOMIE, JE NE CÉDERAI PAS"
"Sur l’autonomie, je ne céderai pas", a martelé Nicolas Sarkozy alors que les présidents d’établissement s’inquiétent d’une remise en cause de cette réforme, notamment en raison du manque de financement. "Nous lui avons dit qu’il fallait continuer les efforts, explique Louis Vogel, le tout nouveau président de la Conférence des présidents d’université. Pour l’instant, nous sommes au milieu du gué. Il faut poursuivre l’augmentation du budget des universités, car l’autonomie a un coût ! Nous n’avons pas assez de moyens et de personnels formés pour gérer nos ressources humaines ou notre budget."
"Nous faisons face à une baisse très importante des moyens alloués par les collectivités territoriales", ajoute Albert Marouani, président de Nice. Alors que les universités ne connaissent pas encore leur dotation financière de l’Etat pour l’année 2011, elles sont de plus en plus inquiètes, car les premiers bilans budgétaires des deux premières années d’autonomie sont assez mitigés, comme le prédisaient les opposants à cette loi.
"RIGUEUR"
Plusieurs universités appliquent la "rigueur", d’autres ont dû piocher dans leur fond de roulement ou leurs réserves pour boucler leur budget, tandis que l’Etat a dû voter une rallonge d’une trentaine de millions d’euros pour combler une mauvaise prévision de l’évolution des charges des personnels des universités autonomes. A l’université Pierre-et-Marie-Curie, 3 millions d’euros ont dû être trouvés. A Limoges, 1 million. A Dunkerque, 7 millions… En réponse, le président de la République a indiqué que "l’effort serait maintenu autant que possible".
Le chef de l’Etat a également abordé le grand emprunt. Les investissements d’avenir ne devront pas être concentrés sur les seuls grands pôles universitaires, a-t-il confirmé aux présidents d’université, inquiets pour le sort des petites universités de proximité. "L’excellence est partout. Dans les grands, comme dans les petits établissements." Mais ces derniers ne peuvent espérer un financement que pour l’une ou l’autre de leur spécialité de recherche.
Enfin, les présidents se sont inquiétés de l’après-2012. "Vous serez autonomes et responsables… Mais, avec moi, pas de risque, je vous soutiendrai… Vous pouvez dormir tranquille !", a assuré le chef de l’Etat. "Ou ne pas dormir tranquille", a répliqué un président, en faisant référence à l’ensemble des chantiers ouverts depuis 2007.
Philippe Jacqué