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Patrice Brun (président de l’université Bordeaux 3) : "En cas de fusion, le risque pour notre université de SHS est plus que grand, il est mécanique" - Educpros, 6 janvier 2011
lundi 10 janvier 2011, par
Au coeur de l’actualité en Aquitaine : le projet de fusion des universités bordelaises s’impose de plus en plus. Parmi les 4 universités, l’une a opposé une fin de non-recevoir à ce projet : Bordeaux 3 (arts, langues et sciences humaines). Patrice Brun, son président, s’explique sur EducPros.fr.
Quelle est votre position sur le projet de fusion des universités bordelaises ?
Il ne s’agit pas seulement de ma position mais de celle de Bordeaux 3 : fin septembre 2010, les trois conseils de Bordeaux 3 ont voté contre ce projet. Nous ne sommes pas favorables à l’organisation institutionnelle prévue, c’est-à-dire au grand établissement.
Mais nous ne sommes absolument pas opposés au regroupement des universités ! Nous proposons un modèle fédéral, comme à Lyon, qui irait plus loin que le PRES actuel. Ce système permettrait une mise en commun plus forte des fonctions « support », de la recherche ou encore du service des relations internationales.
Lorsque Bordeaux 1 considère que le modèle fédéral est inenvisageable, l’idée est éliminée. Quand Bordeaux 3 estime que la fusion n’est pas viable : il ne se passe rien !
Pour quelles raisons êtes-vous contre cette fusion au sein d’un grand établissement ?
Tout d’abord je n’ai toujours pas de réponse à ma question initiale : « En quoi la gestion d’un grand établissement de 70.000 étudiants serait plus efficace que le système actuel ? ». L’expérience complexe de la fusion strasbourgeoise peut à ce titre inquiéter.
Ensuite, le choix du statut de grand établissement, dérogatoire à la loi et donc à géométrie variable, me pose problème. Si l’on regarde les grands établissements existant dans le paysage universitaire : on trouve Paris Dauphine, et ce modèle ne convient pas à la définition que je me fais d’un établissement où le service public est essentiel.
Enfin, dernière raison : la mise en place de ce grand établissement va se faire en fonction des investissements d’avenirs. Des projets d’excellence où les universités s’engagent évidemment à mettre des moyens, notamment humains. Or, comme 90% des projets déposés dans l’IDEX concernent les laboratoires de Bordeaux 1 et Bordeaux 2 [en sciences dures donc répondant davantage aux critères des appels à projets du grand emprunt], les universités de "SHS" ne peuvent servir que de pompes à postes aux filières de sciences dures. En effet, lorsqu’il s’agira de calibrer les futurs postes d’enseignants-chercheurs par exemple, ce sera en fonction des projets d’excellence. Avec à terme bien sûr, un impact sur la carte des formations.
Le risque pour Bordeaux 3 est donc plus que grand, il est mécanique. Quelles que soient les garanties ajoutées, ce sera le conseil d’administration de cette structure qui pilotera.
N’est-ce pas un réflexe conservateur ?
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