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Première liste des équipements d’excellence (Equipex) - S. Huet, Sciences2, 20 janvier 2011
vendredi 21 janvier 2011, par
Valérie Pécresse a annoncé aujourd’hui la première liste des Equipex. La liste comporte 52 projets lauréats de la première vague de l’appel à projets « Equipements d’excellence ».
336 projets ont été soumis, 52 ont été retenus après avis d’un jury international, présidé par Philippe Le Prestre, professeur et directeur de l’institut Hydro-Québec (Canada). Ils se partagent 340 M€ : 260 M€ pour l’achat des équipements nécessaires aux projets retenus, et ainsi répartis : 24 projets de 1 à 5 M€, 16 projets de 5 à 10 M€, 12 projets de plus de 10 M€. Par thématiques : 10% en informatique, 10% en sciences humaines et sociales, 15% en environnement, 17% pour l’énergie, 19% pour les nanotechnologies et 29% en biologie-santé.
Ces décisions et financements sont une bonne nouvelle pour les capacités de recherche des laboratoires concernés. Mais il est utile de s’interroger sur l’efficacité de la démarche suivie. Elle permet certes de faire mousser médiatiquement le niveau politique – présenté comme faisant une bonne action en finançant la recherche – (lire le discours de Valérie Pécresse) mais passe par une sélection drastique opérée par un jury ayant mobilisé pas moins de 1.853 experts de nombreux pays pour sa réflexion.
Première remarque : nos chercheurs ne manquent pas d’idées, qui se traduisent par des projets de recherche exigeant, rien n’est gratuit, des équipements scientifiques. Ils ont même beaucoup trop d’idées pour le financement disponible, puisque la grande majorité de leurs projets ne seront pas réalisés.
Deuxième remarque : le mode de sélection repose sur l’idée que « les meilleurs émergeront et, par l’opération de la sainte compétition, se transformeront en la meilleure politique scientifique possible au niveau national et territorial. » C’est là une illusion dangereuse. L’idée qu’en mettant en compétition des projets de champs disciplinaires différents on puisse parvenir à l’équilibre souhaité par le niveau politique est peu soutenable.
Troisième remarque : La cohérence des choix est censée venir d’une prise en compte par le jury et les experts de la liste suivante de critères : qualité scientifique et caractère innovant ; importance pour la stratégie du site et pour l’établissement ; cohérence avec la SNRI (stratétie nationale de recherche et d’innovation), la stratégie des alliances et les feuilles de route européennes ; impact socio-économqiue ; stratégie de valorisation ; impact sur le dispositif de formation ; effet de levier sur l’effort de R&D privé ; ouverture à la communauté scientifique ; portage par les établissements et engagement sur les moyens récurrents .
Or, il semble assez évident que les directions des Organismes de recherche, en liaison avec les présidents d’Universités et la Direction de la recherche du ministère sont mieux à même qu’un jury aussi éclaté dans son expertise et de mandat aussi bref d’opérer les meilleurs choix si l’on prend au sérieux une telle liste de critères. En outre, il y manque un critère décisif : l’adéquation entre la politique de recrutement des chercheurs et des enseignants-chercheurs et celle des équipements scientifiques. Il est absurde de dissocier trop les deux.
Lorsque l’on se rend compte que certains projets font moins de 2 millions d’euros, on cherche en vain la logique consistant à mobiliser autant d’experts internationaux pour décider de les financer et à remonter au niveau ministériel une décision de ce montant. Au total, entre projets non retenus (majoritaires) et retenus, cette opération signifie d’abord des milliers d’heures perdues en rédactions de projets et en évaluations inutiles. Le dernier résultats d’une telle démarche au niveau de l’European research Council le confirme : pour l’appel d’offre "chercheurs confirmés" (donc que du très haut niveau), 13% seulement de projets retenus. Un tel taux de sélection montre que la démarche est mal calibrée et provoque une montagne de papiers, de rédactions de projets et d’évaluations inutiles. La compétition, cela peut être bien, mais un taux de sélection trop bas (ou trop haut) signale l’échec de la démarche.
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