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Sciences2 révèle un curieux séminaire de direction au CNRS - Sylvestre Huet, "Sciences2", Libéblogs, 24 janvier 2011
lundi 24 janvier 2011, par
Demain, la direction du Cnrs tient un séminaire de travail. Son ordre du jour m’est parvenu et mérite d’être connu. On y lit par exemple que la direction du Cnrs s’interroge sur le raccourcissement de sa chaîne hiérarchique afin d’avoir une "vraie autorité sur les agents du CNRS" où la manière de faire évoluer "en douceur" (autrement dit sans provoquer une nouvelle crise) le rôle du Comité national de la recherche scientifique accusé de vouloir "cogérer" l’organisme.
AJOUT à 18h30 : un courriel officiel du Cnrs m’affirme que, selon son Président Alain Fuchs, cet ordre du jour est une version « erronée, qui n’a jamais été validée, et n’aurait jamais du être diffusée. L’ordre du jour de cette réunion n’est donc pas conforme à ce texte. » Autrement dit, il s’agit bien d’une version de travail, qui a circulé, puis fuité de la direction du CNRS. Pour juger de l’écart réel entre cette version et l’ordre du jour de la réunion, il serait souhaitable que la direction du CNRS en diffuse la version finale... Dans l’attente, ce communiqué sibyllin ne fait qu’entretenir les spéculations.
AJOUT à 19h55 : la direction du Cnrs a finalement publié l’ordre du jour réel de cette réunion. Afin de permettre la comparaison avec la version initiale, je le copie à côté. Chacun peut ainsi se faire une idée précise de l’écart entre les deux versions.
Cet ordre du jour (le voici en pdf) montre que la vaste réorganisation du système de recherche public, entamée dès 2007 par le gouvernement, et qui a provoqué une non moins vaste contestation dans les laboratoires et les universités, continue ses effets. Présentée comme l’un des chantiers majeurs de la présidence de Nicolas Sarkozy, elle vise selon ses promoteurs à réorienter la recherche publique vers un soutien plus fort à l’activité économique et aux entreprises. Ses détracteurs y voient le risque de "tuer la poule aux oeux d’or" en siphonant la recherche de base au profit de projets trop finalisés et de trop court terme pour être porteurs de véritables ruptures. Parmi les critiques...le Conseil Scientifique du Cnrs qui dénonce la "déstructuration" en cours.
Au delà de cette question de la place du curseur des moyens à disposition pour ces deux logiques de développement de la recherche, se pose celle de la distance à mettre, ou pas, entre la commande politique et les décisions concrètes de politique scientifique. La vague actuelle des Equipex (ici une note sur la première liste d’Equipex), Labex, et autre IDEX (équipements, laboratoires et initiatives d’excellence) montre que le gouvernement souhaite en réalité renforcer sa capacité d’intervention directe. Ici, une note sur l’érection d’un Totex, protestant contre cette politique.
Cette politique pose le problème de la relative autonomie du plan scientifique par rapport au plan politique dans la mise en oeuvre d’une politique de recherche. La direction actuelle du CNRS tente de trouver sa place et celle du CNRS lui même dans ce nouveau paysage... d’où cet ordre du jour qui attise les craintes des chercheurs attachés à cette autonomie. Comme le montre le communiqué virulent du SNRTS-CGT qui accompagne la "fuite" du document interne de la direction.
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