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Les suites de la remise du rapport sur le suicide de Marie-Laure Lorne à l’UBO (Antonin ; Collectif papera, 2 avril 2011)
samedi 2 avril 2011, par
"Je ne veux pas être un bouc émissaire"
Pascal David conteste [les accusations d’illégalité]. L’ex-président de la commission d’experts souligne aussi qu’il ne s’est pas opposé à la titularisation de Marie-Claude Lorne.
"J’ai demandé que son stage se poursuive une année encore, ça n’est pas la même chose".
Le Télégramme, 30 mars 2011, extraits
Suicide de l’UBO. Un vice-président témoigne
Jean-Christophe Bardout, qui a enseigné pendant dix ans au sein du département de philosophie de l’UBO, est actuellement maître de conférences à l’université de Rennes 1. Pendant trois ans, il a été vice-président de la commission de spécialistes qui a refusé de titulariser Marie-Claude Lorne en juin 2008. Cette dernière, à qui l’on reprochait d’habiter trop loin de Brest pour pouvoir s’investir suffisamment auprès des étudiants, s’était ensuite donnée la mort. "En tant que vice-président de la commission, je n’ai jamais été convoqué à la réunion du 13 juin. Ce qui est très grave. Je ne savais pas qu’elle avait lieu. Je n’ai rien reçu : pas de courrier, pas de mot dans mon casier et pas de mail. D’ailleurs, j’ai pu vérifier que mon nom avait été rayé de la liste des destinataires de courriels des convocations émis par la DRH".
Communiqué du Président de l’UBO, 30 mars 2011
COMMUNIQUÉ, Brest, le 30 Mars 2011
Comme suite à l’article de l’Express paru ce matin, mercredi 30 avril, relatif au suicide de Marie-Claude Lorne, Maître de Conférence de l’Université de Bretagne Occidentale, survenu en septembre 2008, et aux déclarations de Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, qui s’en sont suivies, Pascal Olivard, Président de l’UBO, souhaite adresser le message ci-dessous.
Rappelons que Valérie Pécresse a souhaité fin 2010 que soit diligentée une enquête administrative par l’Inspection Générale de l’Éducation Nationale et de la Recherche (IGAENR) dont les conclusions viennent de lui être remises. Vendredi dernier, elle a reçu Pascal Olivard afin de lui présenter ses recommandations.
Message du Président de l’UBO :
« Je souhaite tout d’abord réaffirmer ma profonde tristesse et dire à quel point j’ai été et suis toujours affecté par la tragique disparition de notre collègue Marie-Claude Lorne. Je ne peux qu’admettre et regretter les anomalies relevées par le rapport de l’IGAENR. Comme en fait état le rapport, une succession de faits et de concours de circonstances ont jalonné cette affaire mais l’IGAENR n’engage pas la responsabilité de l’administration de l’UBO qui a respecté les textes en vigueur au moment des faits.
J’entends l’analyse faite par les Inspecteurs quant aux erreurs commises par la Commission de Spécialistes compétente pour étudier la titularisation de Madame Lorne. Les présidents de Commission de spécialistes étant garants de la régularité des procédures, l’IGAENR impute ces erreurs à M Pascal David, président de la commission de spécialistes ayant statué sur le dossier de notre collègue. L’IGAENR indique par ailleurs que la décision prise était non fondée en fait et en droit.
Je dois préciser que les textes de l’époque, modifiés depuis par la loi LRU, rendaient ces commissions souveraines dans leur fonctionnement, débats et décisions. Seul un recours formulé par Madame Lorne aurait pu me permettre en tant que Président de l’université d’intervenir, par saisine de mon Conseil d’Administration, afin de casser cette décision.
Face aux faits reprochés dans le rapport à M. Pascal David et en respect du principe constitutionnel garantissant l’indépendance des enseignants-chercheurs, il me paraît nécessaire que M. David puisse être jugé par ses pairs. Aussi, après avoir étudié les possibilités qui s’offraient à moi, j’ai pris la décision de saisir une section disciplinaire compétente à l’égard des enseignants-chercheurs afin de clarifier la responsabilité de M. Pascal David. Il reviendra à la section disciplinaire d’instruire le dossier et de rendre un jugement.
Par ailleurs, en accord avec Madame la Ministre, je proposerai, le 13 avril prochain, à mon Conseil d’Administration restreint aux enseignants-chercheurs de statuer sur l’annulation de la non titularisation et du maintien en position de stagiaire de Marie-Claude Lorne. Devant l’impossibilité juridique de titulariser à titre posthume, je souhaite que la position prise par le Conseil d’Administration permette une réhabilitation symbolique de Madame Marie-Claude Lorne.
Depuis ce tragique événement, nous avons pris de nombreuses dispositions visant à humaniser nos procédures et à introduire, dans toute la préparation des actes concernant les personnels, la nécessaire collégialité dans les débats et décisions ».
La réaction du syndicat SNESUP dès le lendemain.
Ces jours-ci tout particulièrement, nous sommes atterrés par les choix de communication du président de notre université :
* Le silence assourdissant concernant des faits graves qui se déroulent au sein même de l’Université ;
* L’utilisation de la presse nationale comme canal de communication avec les personnels de l’Université
;
* La mise en cause nominative d’un collègue, jeté en pâture à l’opinion publique, coupable désigné avant d’être jugé, au moyen d’un communiqué de presse d’une rare violence.
Quelle que soit la difficulté des problèmes auxquels l’Université se retrouve confrontée, ces choix ne peuvent qu’aggraver le sentiment de malaise des personnels de l’UBO sans apporter de solution pour l’avenir ni réparer le passé.
Sections Lettres et Sciences du SNESUP réunies ce jour.
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