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"Les universités parisiennes finissent par s’allier pour rester dans la course"

par Catherine Rollot, "Le Monde", 11 juin 2008

jeudi 12 juin 2008, par Laurence

Les universités du centre de Paris déposeront un projet commun dans le cadre de la seconde vague de l’"opération campus". Le 29 mai, la ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, avait dévoilé les noms des six premiers campus qui bénéficieront de 5 milliards d’euros issus de la vente de 3 % du capital d’EDF, pour se rénover. Aucun projet francilien n’avait alors été retenu.

Thierry Coulon, président de l’université de Cergy-Pontoise et vice-président de la Conférence des présidents d’université (CPU), rejoindra fin juin le cabinet de Valérie Pécresse. M. Coulon sera chargé du suivi de l’application de la loi sur les libertés et responsabilités des universités (LRU) et de la réforme du financement des universités. La CPU n’a pas réagi officiellement à cette nomination qui constitue une première. Si des anciens membres de la CPU se sont déjà retrouvés dans les ministères, aucun n’avait accédé à ce poste en cours de mandat.

Pour être dans les quatre derniers lauréats dont les noms seront connus le 11 juillet, les universités de Paris-II-Panthéon-Assas, Paris-III-Sorbonne-Nouvelle, Paris-IV-Sorbonne, Paris-VI-Pierre-et Marie-Curie se sont alliées avec leurs collègues de Paris-I, Paris-V-Descartes et Paris-VII-Denis-Diderot. "Il est inadmissible qu’aucun dossier parisien n’ait été retenu", considère Gilles Béréziat, délégué général de Paris Universitas, une association qui regroupe sept institutions d’enseignement supérieur : Paris-II, III, IV, VI, Dauphine, l’Ecole normale supérieure (ENS) et l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

SOUTIEN DE LA MAIRIE DE PARIS

"La ministre a déploré un manque de concertation entre les universités parisiennes et une insuffisance dans l’implication de la ville. Nous répondons sur ces deux aspects", argue M. Béréziat. Outre l’élaboration d’un projet commun basé sur la renaissance de la vie universitaire au Quartier latin, les universités parisiennes assurent que la Ville de Paris est prête à abonder les sommes débloquées par l’Etat. Le comité de sélection mis en place par Valérie Pécresse avait jugé que le projet de Paris Universitas agglomérait des "opérations visant chacune isolément à améliorer la vie des étudiants" et qu’il manquait un "véritable projet scientifique".

Sur les 46 projets déposés par 70 universités, 16 provenaient d’établissements franciliens (académies de Paris, Créteil et Versailles). Rien qu’à Paris, la ministre a dû choisir entre cinq projets différents. Les universités du centre de Paris avaient ainsi monté deux dossiers distincts. Pis, certains établissements avaient fait fi des alliances antérieures et s’étaient rapprochés de nouveaux partenaires. Ainsi l’université Paris-Dauphine, membre de l’alliance Paris Universitas, avait préféré faire cavalier seul. Même attitude du côté de l’EHESS et de l’ENS, qui s’étaient alliées avec des partenaires extérieurs à Paris Universitas.

"L’opération campus a créé des désordres, reconnaît Louis Vogel, président de l’université de Paris-II-Panthéon-Assas. Le vieux réflexe français qui consiste à monter chacun un dossier de son côté, voire deux, a encore fonctionné", déplore M. Vogel. Selon le président de Paris-II, "le point positif de la non-sélection des universités parisiennes est qu’elles ont été obligées de pratiquer la politique de la main tendue". Rassemblés, les établissements de la capitale ne sont pas pour autant sûrs d’être retenus. "Si nous ratons ce rendez-vous, c’est une perte sèche. Les fondations et les levées de fond ne seront jamais un substitut à l’argent public", analyse Louis Vogel.