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Moi Luc F., entre fiction et non-fiction. Retour sur l’évangile selon Sot Luc
lundi 13 juin 2011, par
Le virevoltant Luc Ferry vient de livrer à la presse ces dernières semaines une fable philosophique en deux parties sur les relations entre réalité et fiction.
Seule la seconde intéresse SLU qui, au passage, s’interroge sur le principal enseignement qui en a été tiré : ainsi selon de nombreux journalistes, avant la LRU il était possible pour un enseignant de ne pas assurer son service d’enseignement à l’université alors qu’aujourd’hui cela est devenu impossible ! La preuve que si... à condition bien sûr d’obtenir un détachement... a posteriori.
Miracle ? Les enseignants-chercheurs qui constatent, à l’heure de la LRU, la complexité chaque jour croissante des procédures administratives et la difficulté d’obtenir des congés pour recherche apprécieront.
SLU propose donc à notre philosophe de continuer de faire réfléchir nos concitoyens. Prochain thème :
"Selon que vous serez puissant ou misérable"....
Pour un dernier développement sur le feuilleton, on lira l’article de V. Soulé sur Libération.
Matignon va bien rembourser à l’université Paris VII les salaires que Luc Ferry a perçus cette année comme professeur sans jamais mettre les pieds à la fac, comme l’indiquait Libération dès vendredi dans sa chronique Carnet de notes. La formule trouvée pour régulariser la situation de l’ex-ministre de l’Education est un détachement rétroactif, un dispositif peu banal qui vise manifestement à lui sauver la face.
En tant que président du Conseil d’analyse de la société (CAS), une structure rattachée à Matignon qui pond des rapports, Luc Ferry va en effet être détaché – a posteriori… – auprès des services du Premier ministre. A ce titre, Matignon va donc prendre en charge ses salaires de prof – 4499 euros nets par mois – depuis le 1er octobre 2010, date à laquelle sa précédente dispense d’enseignement arrivait à échéance. Matignon lui verse aussi déjà une indemnité 1800 euros par mois pour le CAS. Habituellement, les conventions de détachement entre des services de l’Etat se font très à l’avance.
Contactée par Libération, Paris VII (Paris-Diderot) expliquait jeudi être en train de calculer la facture pour la transmettre à la direction des ressources humaines (DRH) du Premier ministre. « Tout se passe de DRH à DRH, nous expliquait-on, nous sommes en train de faire la somme des salaires chargés ». La signature de la convention, valable un an, c’est-à-dire l’année université 2010-2011, était annoncée comme imminente.
« Scandaleux »
Mais même à l’UMP, certains ont du mal à digérer l’arrangement trouvé. Ainsi le député de Mayenne Yannick Favennec, qui a fait savoir via Twitter qu’il trouvait « scandaleux que ce soit Matignon qui rembourse l’université où Ferry n’a jamais exercé ! C’est à lui de le faire, pas au contribuable ». Interrogé par l’AFP, l’élu développe : « Si Matignon dit on rembourse parce que M. Ferry était détaché par l’université dans un organisme sous son autorité (le Conseil d’analyse de la société, ndlr) j’aimerais savoir quels rapports, quels travaux il a produits à Matignon qui justifient » le remboursement. « Dans le contexte actuel, je ne pense pas que ce soit une bonne image de la politique qu’on renvoie, ça me navre ! »
Dans son dernier numéro, le Canard Enchaîné avait révélé que Luc Ferry touchait indûment ses salaires de professeur de première classe (juste avant la classe exceptionnelle) sans enseigner, et qu’il était resté sourd aux rappels à l’ordre du président de Paris VII Vincent Berger. Jusqu’en octobre 2010, Luc Ferry avait toujours bénéficié de dispenses d’enseignement avalisées par les ministres de tutelle (Education ou Enseignement supérieur). Mais les universités étant devenues autonomes depuis la LRU (la loi sur l’autonomie des universités), le président de Paris VII n’a pas voulu payer et lui a demandé des comptes.
Rappelons aussi que, toujours selon Libération, Ferry s’est scandalisé sur France Info qu’on se scandalise :
L’ex-ministre, épinglé pour n’avoir pas assuré ses cours pourtant rémunérés à la fac, repêché par Matignon, veut poursuivre en diffamation ceux qui parlent d’emploi fictif.
Luc Ferry, excédé par la polémique sur le remboursement par Matignon de ses salaires à l’Université de Paris-VII, a annoncé dimanche soir sur France Info qu’il allait poursuivre en diffamation tous ceux qui prétendent qu’il occupe un "emploi fictif" au Conseil d’analyse de la société (CAS).
"L’idée de remboursement n’a pas de sens. Je suis détaché de mon université dans une autre administration, à savoir les services de Matignon comme président d’un des conseils qui entourent le Premier ministre. Donc, il ne s’agit pas de rembourser", a déclaré l’ancien ministre de l’Education nationale.
"Les gens comprennent que je touche deux traitements ou que Matignon va rembourser des heures que je n’ai pas faites, mais c’est grotesque ! On ne rembourse pas des heures que je n’ai pas faites. Je suis payé comme président du Conseil d’analyse de la société", a-t-il poursuivi.
« Conneries »
"Si tel ou tel député, si Mme Royal ou l’autre zouave, veut supprimer le Conseil d’analyse de la société mais qu’il le dise, je m’en fous, qu’il le supprime. Mais qu’on ne dise pas que j’ai été payé pour des heures que je n’ai pas faites et que je devrais rembourser. C’est honteux, c’est scandaleux", s’est-il emporté.
Il a annoncé ainsi qu’il allait "à partir de maintenant poursuivre en diffamation les gens qui prétendent (qu’il) occupe un emploi fictif". "L’affaire commence à bien faire. L’affaire commence à me chauffer les oreilles et maintenant je vais prendre un avocat pour poursuivre les gens qui disent des conneries."
Après le député UMP Yannick Favennec samedi, Ségolène Royal et Manuel Valls, tous deux candidats à la primaire PS, ont demandé dimanche au philosophe de rembourser sur ses deniers personnels ses salaires à l’Université Paris-VII.
Le Canard enchaîné avait révélé mercredi que l’ancien ministre avait touché environ 4.500 euros mensuels nets de la faculté pendant l’année 2010-2011, sans donner de cours.
Vendredi soir, Matignon a annoncé sa décision de rembourser à l’université ces salaires, dans la mesure où Luc Ferry préside le Conseil d’analyse de la société (CAS), organisme rattaché au Premier ministre, où il perçoit une indemnité de 1.700 euros.
(Source AFP)