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Zadig écrit à Valérie Pécresse - Gilles Raveaux, blog "L’économie politique", 10 juin 2011

lundi 13 juin 2011, par Laurence

Le collectif “Zadig”, qui regroupe des enseignants-chercheurs en économie, vient de rédiger une très belle lettre à Madame la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans laquelle il dénonce le “dumping fiscal” auquel se livrent les universités, qui font tout pour attirer les “meilleurs” (il faudrait 100 000 guillemets) chercheurs, au détriment de l’enseignement et des tâches administratives. Comme le disent les membres du collectif, cette situation conduit à une “schizophrénie croissante” : nous, enseignants-chercheurs, devons nous impliquer toujours plus dans l’enseignement et dans le fonctionnement de nos universités - mais nous ne sommes promus qu’en fonction de nos travaux de recherche.

Cette situation conduit, comme le souligne le collectif, à “dévaloriser l’investissement dans les tâches pédagogiques et administratives”, et à “les reporter sur des collègues qui se sentent de ce fait démotivés”, aboutissant à créer “un système pervers” dans lequel “les motivations intrinsèques (l’intérêt général, le sens du devoir, du service public) sont évincées par les motivations extrinsèques (primes et décharges d’enseignement)”.

Les membres du collectif “Zadig” souhaitent demeurer anonymes pour le moment, sans doute par crainte pour leur carrière. (Ce qui en dit long sur l’ambiance des facultés d’économie). Voici leur réponse à mon courrier leur demandant des précisions :

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Bonjour,

Notre objectif est de faire “un coup de gueule”, d’exprimer notre ras-le-bol devant l’évolution de la discipline, le fait que celle-ci va droit dans le mur, et que ceux qui se dévouent pour leur université, qui travaillent, publient, ne sont pas récompensés. L’excellence n’est pas monolithique. Certains s’organisent pour imposer leurs critères d’excellence alors qu’ils jouent aux passagers clandestins au niveau de l’université. Mais, in fine, ils ont tout : agrégation, promotions, prime d’excellence scientifique. On nous demande d’être dans le moule et surtout de ne pas réfléchir, d’être des techniciens, etc. Cela fait des années que ça dure. Ils ont tout en toute impunité !

Nous espérons avoir suffisamment de signatures pour envoyer la lettre à Pécresse, porter le débat sur la place publique. Mais si nous y arrivions pas, nous espérons que notre texte aurait néanmoins déclenché une discussion dans la communauté des économistes. Est-il normal que l’argent des contribuables serve à financer des recherches stériles, à verser des primes d’excellence à une poignée d’individus ? Je ne dis pas que tous les gens qui ont la prime ne la méritent pas. Certains la méritent mais d’autres pas du tout. Quoi qu’il en soit, nous refusons le système de pseudo-stars, des stars préfabriquées voire financiarisées. Je ne sais pas ce qu’il en est dans votre université, mais les conditions de travail sont affreuses dans la mienne alors qu’on dépense des sommes importantes pour une poignée d’individus et on met en concurrence les enseignants-chercheurs, les labos…

Notre combat est de défendre le service public de l’enseignement supérieur et nos idéaux.

Bien à vous,

Le collectif Zadig rassemble des enseignants-chercheurs en économie


Si l’on souhaite signer cette lettre ouverte, il faut écrire à collectif.zadig @gmail.com

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Lettre ouverte à Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Par le collectif Zadig rassemblant des enseignants-chercheurs en économie

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