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C’est officiel, Guéant ne sait pas compter - Cédric Mathiot, Libération, 27 juin 2011

lundi 27 juin 2011, par Laurence

Désintox

Sous la pression de ses syndicats, l’Insee a été contraint lundi de publier un communiqué infirmant les déclarations de Claude Guéant sur l’échec scolaire des enfants d’immigrés.

Affaire Guéant, suite et fin. C’est désormais officiel, le ministre de l’Intérieur dit n’importe quoi. Après un mois d’une bataille de chiffres assez surréaliste, l’Insee a enfin délivré un communiqué de presse en forme de mise au point. On y lit que contrairement à ce que Guéant avait affirmé le 22 mai, en se basant sur une étude de l’Insee datant de 2005, les enfants d’immigrés ne représentent pas deux tiers des élèves sortant sans qualification du système scolaire, mais environ 16%.

Nombreux médias (dont Libération à plusieurs reprises) avaient déjà corrigé le mauvais élève Guéant... qui ne voulait rien entendre. L’Insee se refusant curieusement à corriger cette lecture grossière d’une de ses publications, le ministre de l’Intérieur avait persisté, et s’était même fendu de deux droits à de réponse à Libération. Dans le dernier courrier, daté du 9 juin, Guéant y qualifiait notre raisonnement (aboutissant à la conclusion que la proportion exacte était de 16%) d’« exotique ».

Les agents et les syndicats de l’Insee avaient commencé à trouver ce running gag peu drôle. Dans une déclaration le 21 juin, ils avaient exigé lors d’une réunion que l’Insee corrige Guéant, estimant que cette affaire mettait en cause l’indépendance et la réputation de l’institution. Le directeur général de l’Insee, Jean-Philippe Cotis avait dans un premier temps refusé, expliquant que l’Insee n’avait pas vocation à commenter les interprétations de ses études. Une réponse qui n’avaient pas satisfait les syndicats, dénonçant en retour une « abdication » face au pouvoir.

Lundi en fin de matinée, la direction a finalement cédé. L’Insee écrit donc noir sur blanc que Guéant s’est trompé. On le savait déjà. Mais au moins, on est sûr qu’il ne dira plus le contraire.