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Pour les présidents d’université, la LRU limite leurs facultés, Libération, Véronique Soulé, 22 septembre 2011
mardi 27 septembre 2011, par
La Conférence des présidents d’université (CPU), qui donnait hier sa conférence de presse de rentrée, a renvoyé une image plutôt morose de l’ambiance à la tête des universités, quatre ans après le vote de la LRU (la loi sur l’autonomie), une réforme phare du quinquennat. Les trois raisons de la colère.
« La circulaire Guéant est très, très grave »
Louis Vogel, le président de la CPU et de l’université Paris-II, a vivement dénoncé la circulaire signée le 31 mai par le ministre de l’Intérieur visant à réduire l’immigration professionnelle. « On commence à rendre difficile le séjour des étudiants étrangers en France », a-t-il regretté. Sa vice-présidente, Anne Fraïsse, à la tête de l’université de Montpellier-III, a ajouté que « des conventions internationales étaient même menacées, avec des étudiants américains n’obtenant pas leurs visas ».
La CPU a souligné que, sur ce point, elle était sur la même ligne que la Conférence des grandes écoles. Le 13 juillet, son président, Pierre Tapie, a adressé une lettre à Claude Guéant, s’inquiétant de l’impact de ce durcissement « sur les étudiants en master voulant poursuivre leur formation par un premier poste ». Avec 280 000 étudiants étrangers, la France est le troisième pays d’accueil après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Pour des questions de prestige, mais aussi financières, les écoles et les universités misent sur leur augmentation. La CPU a réclamé hier « l’allongement à un an, contre six mois actuellement, de la durée de l’autorisation de séjour provisoire » des nouveaux diplômés.
« Nous avons un vrai problème de financement »
Louis Vogel a tiré la sonnette d’alarme. « Si on veut que l’autonomie soit une réussite, il faut nous donner les moyens », a-t-il plaidé. Les présidents d’université ont deux inquiétudes. D’abord, il leur faut former leurs personnels aux nouvelles missions des universités, notamment en gestion. Mais ils n’ont pas les financements. Ensuite, « beaucoup d’universités se demandent si elles pourront faire face à leurs dépenses de fonctionnement », selon le président de la CPU. L’Etat leur alloue des dotations, mais il n’a par exemple prévu aucun supplément pour celles dont la pyramide des âges du personnel vieillit et coûte plus cher. « Nous sommes derrière notre ministre, Laurent Wauquiez, pour négocier avec le Budget », a précisé Louis Vogel.
« Les masters enseignement, une catastrophe »
Anne Fraïsse a confirmé que les masters préparant aux métiers de l’enseignement étaient désertés. « Comment attirer des candidats qui savent qu’avec la réforme, ils vont débuter sans être préparés à enseigner, qu’ils vont exercer dans des conditions difficiles et ne pas être bien payés ? » s’est-elle interrogée.