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"Marine Le Pen veut faire la paix avec les enseignants" - Abel Mestre,"Le Monde", 30 septembre 2011
vendredi 30 septembre 2011, par
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"Longtemps, il y a eu un malentendu entre nous. Longtemps, nous avons donné le sentiment de vous regarder en ennemis. Longtemps nous n’avons pas su parler, trouver les mots (…). Longtemps, nous avons commis l’erreur de penser que vous étiez complices ou passifs face à la destruction de l’école. Pour l’immense majorité d’entre vous, c’était une erreur et cette époque est révolue." C’est ainsi, en condamnant implicitement les attaques contre les professeurs qu’affectionnaient son père, que Marine Le Pen s’est adressée "aux enseignants de France", jeudi 29 septembre, lors du colloque sur l’éducation d’Idées Nation, le club de réflexion dirigé par le numéro 2 du Front national, Louis Aliot.
Pour l’occasion, les "prises" républicaines et souverainistes – Bertrand Dutheil de La Rochère, issu du MDC chevènementiste, Paul-Marie Coûteaux, souverainiste de droite, et Christian Le Chevalier, de Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan – sont intervenues pour exposer leur vision de l’école. Une vision d’une école "sanctuarisée", qui s’accorde avec les propositions de Marine Le Pen en ce domaine, et s’axent autour de la discipline, de la "méritocratie républicaine" et du respect de l’enseignant.
"LES HUSSARDS NOIRS"
Avec des résonances très "IIIe République". "Les enseignants devront être les hussards noirs de notre République française du XXIe siècle", a notamment lancé Marine Le Pen. Elle avait déjà évoqué ces thèmes, en février 2010, dans une lettre ouverte aux "enseignants et aux parents d’élèves" passée alors relativement inaperçue.
Une des cibles de Mme Le Pen est "le pédagogisme", le "Jack-Languisme et toutes ces salades". Avec elle, il faudra, entre autres, "respecter la discipline" et "les punitions – pas les châtiments corporels – seront autorisées". Les "parents démissionnaires" seraient aussi sanctionnés, le collège unique abandonné et l’enseignement des matières manuelles ou technologiques revalorisé.
En ce qui concerne l’école primaire, un nouvel établissement public serait créé et doté de la personnalité juridique. Il aurait une "autonomie administrative et financière", avec à sa tête un directeur "manager" qui impulserait "le projet pédagogique" de l’école. Une mesure qui entre en contradiction avec la ligne "républicaine" et étatiste développée par ailleurs par Mme Le Pen, puisqu’un tel statut reviendrait de fait à avoir des écoles plus riches que d’autres et entre dans une vision très libérale – au sens économique – de l’école.
Au chapitre des dépenses, Mme Le Pen craint les "fausses promesses". "Je ne vous dirai pas que l’on rétablira les 70 000 postes supprimés", a-t-elle déclaré. Et d’ajouter qu’elle s’engageait à "remplacer à partir de la rentrée de 2012 l’ensemble des départs à la retraite".