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Éducation : les propositions chocs de la Fondapol, Marie-Estelle Pech, Le Figaro, 12 décembre 2011
mardi 13 décembre 2011, par
Autonomie, écoles pour élèves en difficulté, doublement des salaires, sélection à l’université… Le think tank proche de l’UMP prépare la présidentielle.
La Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), think tank proche de l’UMP et se présentant comme « progressiste, européen et libéral », entend peser dans le débat éducatif pendant la campagne présidentielle. Partie notamment du constat que la proportion d’élèves en retard à l’entrée en sixième dépend très fortement de la catégorie sociale des parents, elle vient de rendre publiques ces propositions pour rendre le système « plus juste ». Pour former des citoyens libres et responsables, l’école « doit être placée sous le signe de l’autonomie et de la responsabilité », affirme ce groupe de réflexion, qui propose ainsi « d’instituer l’autonomie des établissements d’enseignement secondaire » : les moyens doivent être transférés aux établissements eux-mêmes, la formation des responsables doit être repensée pour recruter « les plus compétents » et s’ouvrir à de « nouveaux talents » pas forcément issus de l’éducation nationale.
« Savoir être »
Dans le cadre d’établissements devenus autonomes, les obligations de service des enseignants seraient repensées : les professeurs auraient toujours à transmettre des savoirs, instruire et enseigner. Mais ils auraient aussi des « responsabilités inédites » : accompagnement individualisé des élèves en difficulté, aide des lycéens à l’orientation. Principaux et proviseurs devraient aussi « pouvoir choisir librement leurs équipes de direction » et recruter leurs enseignants « sur des postes à profil ». La plupart de ces idées favorables à l’autonomie font déjà partie du projet pour l’éducation de l’UMP, présenté il y a quelques semaines. Deux récents projets de décret et d’arrêté relatifs à l’évaluation des professeurs vont aussi dans ce sens puisqu’ils renforcent la capacité d’évaluation du chef d’établissement.
Selon la Fondapol, « de nouvelles formes d’hétérogénéité sociale rendent désormais impossible la distribution d’un même savoir à tous, au même moment de la vie et selon les mêmes méthodes ». Elle propose donc d’organiser les programmes scolaires différemment pour répondre à la différenciation sociale et culturelle « afin de mieux assurer l’égalité des chances ». Il faut tirer les conséquences d’un « centralisme devenu impossible », affirme la fondation. « L’autonomie n’est ni une panacée, ni une incantation. C’est une forme d’organisation du travail plus pragmatique. » Pour Dominique Reynié, directeur général de la Fondapol, la véritable question est celle de la « variété des modèles » qu’il est aujourd’hui nécessaire de proposer. Il propose notamment de créer des « écoles fondamentales » et de doubler le salaire des enseignants qui y travaillent. Ces écoles destinées à accueillir les élèves en difficulté de la sixième à la troisième se concentreraient sur des matières principales : mathématiques, français, éducation physique et sportive et « savoir être ». La demande de création d’une telle école sera accordée sur la base d’un projet proposé par l’équipe pédagogique du collège. La méthode d’enseignement « privilégiera les exercices pratiques » et s’appuiera « très largement sur les nouvelles technologies ». Autant de propositions qui risquent fort de ne pas plaire aux représentants des enseignants, majoritairement attachés à l’idée d’un même savoir pour tous.
Le tabou de la sélection
La Fondapol lève le tabou politique de la sélection à l’entrée des universités. « Tout établissement d’enseignement supérieur doit pouvoir user du droit d’examiner les dossiers de candidature des étudiants qui souhaitent l’intégrer », selon l’organisation qui réclame « le droit à la sélection pour tous ». « Cette dernière permettrait de passer d’un système fait de règles tacites, où seuls s’y retrouvent les initiés, à un système transparent, où les règles seront connues de tous », indique la Fondapol qui ne remet pas pour autant en cause le baccalauréat, « sésame pour le supérieur ». « Officiellement récusée, la sélection est pourtant largement pratiquée », insiste le think tank, observant en outre que plus les établissements sont sélectifs, plus ils disposent de moyens : 6000 euros pour un étudiant en université, 12.000 à 17.000 euros pour un élève en classes préparatoires, 30.000 à 50.000 euros pour un normalien. La fondation salue le dispositif de l’« orientation active » instauré en 2006, mais considère qu’il faut aller plus loin : tout élève arrivant au lycée doit ouvrir un dossier personnel de candidature et d’orientation, propose la Fondapol. « La qualité de ce dossier fait l’objet d’une évaluation pédagogique et donne lieu à trois notes de contrôle continu comptant pour l’obtention du bac. » Ce dossier « doit conduire l’élève à identifier trois choix possibles et à les hiérarchiser en fonction de ses préférences » et lui « permettre d’être personnellement identifié et reconnu par l’établissement souhaité ». Les universités doivent, quant à elles, être « autorisées à créer des filières, à définir des critères d’admission pour chacune d’entre elles et à déterminer leur degré d’ouverture en fonction des débouchés professionnels ».
Des enseignants mieux payés
Dans les « écoles fondamentales » censées accueillir les élèves aux performances insuffisantes pour intégrer un collège général, la rémunération des enseignants et des chefs d’établissements devra être doublée, propose la Fondapol. « L’impact budgétaire sera neutre grâce à l’augmentation du nombre d’heures de présence devant les élèves des enseignants » et à la « reconversion des heures d’enseignement correspondant aux disciplines supprimées », argumente le think tank. Avec un tel projet, le métier des enseignants serait complètement modifié au sein de ces écoles qui viendraient remplacer les actuelles zones d’éducation prioritaires. La part belle serait donnée au français, aux mathématiques et au sport « pour que les élèves puissent tous se débrouiller dans ces matières à l’issue de la troisième » alors qu’aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers ne savent toujours pas lire à ce stade, explique-t-on. Les professeurs seraient davantage présents dans l’établissement, auraient plus de travail en équipe à accomplir, plus de suivi individualisé des élèves. Ils « transmettront leur savoir de manière adaptée », par exemple sous forme « de projets ». En contrepartie, ils n’auront aucune charge de travail à assumer à la maison en dehors des heures prévues dans leur emploi du temps. Le chef d’établissement, lui, recrutera les candidats sur la base d’un contrat et aura la possibilité de ne pas renouveler ce dernier en cas d’engagement insuffisant. Dans ce cas, les enseignants réintégreront de droit le système général d’affectation.
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