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Jean-Charles Pomerol (ex-président de l’UPMC) : "L’Etat serait content de montrer qu’il faut reprendre en main des universités mal gérées" - Interview d’éducpros, 16 décembre 2011

vendredi 16 décembre 2011, par Giovanni

Lire aussi le communiqué du SNESUP en pièce jointe.
Les difficultés budgétaires dans les universités ont donné lieu, dans un climat de confusion, à l’annonce de la mise sous tutelle rectorale de certains établissements à l’automne 2011. La faute à l’autonomie ? Jean-Charles Pomerol, ancien président et professeur à l’UPMC (université Pierre et Marie Curie), donne son point de vue, et dénonce la volonté de l’Etat de reprendre en main les universités.

Les mises sous tutelle rectorale des universités signent-elles la mort de l’autonomie ?

Ce n’est pas une remise en cause de l’autonomie - de toutes façons très partielle, quand on sait que près de 90% des budgets des universités dépendent de l’État. C’est d’abord le constat que les contrats quadriennaux ne fonctionnent pas : on ne prend pas en compte les spécificités des établissements. Le dernier contrat de l’UPMC représentait par exemple moins de 0.005% de notre budget.

C’est aussi le constat que l’on ne prend pas en considération les performances des universités : via le modèle Sympa, on donne juste la même chose à tout le monde. Laurent Wauquiez a beau dire que 20 % du budget repose sur la performance, c’est faux.

Pour une vraie autonomie, il faut prendre en compte les spécificités et les performances des établissements.

Comment expliquez-vous ce discours ministériel confus sur la situation budgétaire des universités ?

L’État serait content de montrer que les universités sont mal gérées et qu’il faut les reprendre en main, d’où cette publicité sur les 7 ou 8 cas d’universités en difficulté. Beaucoup de hauts fonctionnaires - qui ne sont jamais passés par l’université - en ont une image négative et estiment qu’elle doit être surveillée de très près. Ils veulent reprendre de la main gauche ce qui a été donné de la main droite.

La situation financière des universités risque-t-elle d’empirer ?

Je ne crois pas. L’image de l’université s’est améliorée. Le nombre d’étudiants a tendance à augmenter, ce qui devrait être pris en compte dans les calculs des budgets. Concernant les universités de recherche, je pense que nous allons obtenir le financement des coûts indirects (infrastructures, matériel, etc.), pour l’instant très peu pris en compte dans les contrats de recherche.

Lire la suite ici… jusqu’au bout pour découvrir la chute :
Vous êtes depuis toujours un ardent défenseur de l’autonomie. En êtes-vous revenu ?

Pas du tout. Il est hors de question de revenir en arrière, au contraire, il faut l’approfondir. Aucun candidat à la présidentielle ne le demande d’ailleurs, hormis le FN, qui est sur ce point sur la même ligne que le Snesup en défendant une gestion étatique des universités.