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"Les dotations allouées aux universités dépendront de leurs performances"
par Laurence Albert, "Les Echos", 20 juin 2008
vendredi 20 juin 2008, par
Ce n’est pas un mystère : l’enseignement supérieur érigé en « priorité » a toutes les chances de sortir à nouveau gagnant des arbitrages budgétaires 2009. Ce qui est plus incertain, en revanche, c’est la manière dont seront désormais réparties les dotations entre les 85 universités.
Pour « entrer dans une culture du résultat » et « restaurer l’équité » entre les campus, le ministère de l’Enseignement supérieur a en effet décidé de réformer son système de financement, obsolète après 15 ans. « Nous avons été incapables de revoir à la baisse les dotations des universités dont les effectifs baissaient. A côté de cela, beaucoup d’universités sont en sous-dotation », a déploré hier la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, en présentant ses objectifs devant la mission d’évaluation et de contrôle de l’Assemblée nationale.
Un seul contrat quadriennal
Le ministère élabore un nouveau système de répartition qui remplacera l’ancien dès janvier 2009. Les universités, jusqu’ici financées via 2 enveloppes (1 dotation et 1 contrat), signeront un seul contrat quadriennal avec l’Etat. Cette cagnotte (8,5 milliards au total), destinée à couvrir à la fois leurs frais de fonctionnement et la masse salariale, sera modulée en fonction de leurs activités (85 %) et de leurs performances (15 %) en matière de recherche et d’enseignement supérieur.
S’agissant de l’activité, le gouvernement souhaite troquer les 43 critères existants contre un seul baromètre : le nombre d’étudiants présents aux examens. « Nous aimerions faire la chasse aux 20 % à 30 % d’étudiants fantômes qui s’inscrivent juste pour la Sécurité sociale, ou par sécurité, parce qu’ils sont en parallèle en classe prépa », explique le député UMP Benoîst Apparu, membre de la mission.
La mesure sera arrêtée après concertation cet automne, mais une chose est déjà sûre : le ministère donnera deux fois plus d’argent par étudiant aux universités de sciences et médecine, où les études sont plus coûteuses, qu’aux littéraires. En matière de recherche, les publications devraient donner le « la ».
« Efforts » accomplis
Plus délicat, le ministère va désormais ouvertement évaluer la performance, ouvrant la voie à une éventuelle compétition entre établissements. A côté de classiques critères académiques (qualité des formations, réussite aux examens), il récompensera l’insertion professionnelle - un audit sera réalisé par un opérateur indépendant.
Conscients, toutefois, que certaines universités partent avec un handicap (étudiants en retard scolaire, milieux défavorisés, tissus économique fragile) dans cette course à l’emploi et à la réussite, il promet de mesurer aussi les « efforts » accomplis par chacun et de prendre en compte leur « valeur ajoutée ». Moyen de tenter de rassurer des établissements, dont certains redoutent déjà de perdre au change. « Il n’est pas question de déshabiller Pierre, qui est déjà très peu vêtu », a affirmé hier Valérie Pécresse.
LAURENCE ALBERT