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Suppression de l’histoire en terminale S : "la volonté de limiter la casse", entretien avec Hubert Tison secrétaire général de l’APHG, VousNousIls, 3 février 2012
vendredi 3 février 2012, par
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Par Charles Centofanti
Les enseignants d’histoire-géographie n’acceptent pas la suppression de leur matière, facultative depuis la rentrée dernière, en terminale S. Au lendemain de ses Etats généraux, samedi 28 janvier à Paris, l’association des professeurs d’histoire géographie (APHG) s’insurge dans un manifeste et rencontre les principaux candidats à l’élection présidentielle. Entretien avec Hubert Tison, secrétaire général de l’APHG.
Quelles sont les conséquences concrètes de la réforme du lycée sur l’enseignement de l’histoire-géo ?
La première chose c’est l’instauration d’un tronc commun, incluant l’histoire-géo, pour les élèves de S, ES et L en classe de première. Ils ont 4 heures par semaine d’histoire-géo mais ceux de la série S passent désormais l’épreuve du bac à la fin de l’année. En clair, cela revient à traiter un programme, qui va de 1850 à nos jours, en un an au lieu de deux.
La seconde conséquence, la plus nocive, c’est la suppression en terminale S de l’histoire-géo obligatoire. La moitié des élèves de terminale en série générale n’ont plus cet enseignement au programme, ce qui les prive d’une culture historique et géographique pourtant utile dans leur futur métier, notamment s’ils optent pour des filières commerciales, Sciences Po ou d’autres disciplines comme le droit.
Les défenseurs de la réforme estiment qu’il ne s’agit que d’un juste rééquilibrage entre les filières et Luc Chatel affirme que l’histoire n’est pas devenue "anecdotique"...
Dans l’esprit du ministère, on manque de scientifiques et ils ont déjà un programme très lourd en sciences. Mettre l’histoire en option en terminale S participe aussi à revaloriser la filière littéraire. Problème : seuls 7 à 8% des élèves passent le bac L. Et le ministère nous dit, triomphalement, qu’il y a eu un redressement d’1% en filière L cette année ! Nous ne sommes pas contre un rééquilibrage à condition que l’histoire figure aussi en S et qu’en L il y ait un peu plus de sciences. Aucun gouvernement n’avait jusque-là touché à l’histoire géo en terminale ! Son apprentissage participe à doter les citoyens d’un esprit critique et donne des clés pour pouvoir analyser les événements.
Pourquoi critiquez-vous les nouveaux programmes scolaires ?
Le choix a été fait en histoire de faire des blocs thématiques plutôt que chronologiques, autour de cinq thèmes généraux. Cela rend les profs mal à l’aise, tout comme les élèves, et provoque de l’inquiétude voire de la colère. Nous sommes très attachés à la cohérence chronologique. Or, aujourd’hui, on nous demande d’enseigner les guerres puis, seulement après, les totalitarismes en mixant le fascisme, le nazisme et le stalinisme. De la même façon, on doit aborder la Première Guerre mondiale, sans parler du Traité de Versailles ! Dans un thème, on arrive à traiter la France de 1958 à 1962 mais si les élèves de série S ne prennent pas l’option histoire en terminale, alors ils n’étudient pas la Ve république de 1962 à nos jours. Il n’y a pas de cohérence et cela rend le programme douloureux à enseigner, même pour les collègues qui ont 20 ans d’expérience. Il n’est pas anodin non plus d’enseigner sur un an ce qu’on enseignait avant sur deux années. Résultat : tous les profs sont en retard. Nous réclamons des programmes réalisables. Mieux vaut des programmes un peu plus ternes, mais accessibles aux élèves d’aujourd’hui.
Craignez-vous des difficultés à l’épreuve du bac ?