Accueil > Revue de presse > Le réquisitoire de la Cour des comptes contre la réforme de la formation des (...)
Le réquisitoire de la Cour des comptes contre la réforme de la formation des enseignants, Maryline Baumard, Le Monde, 8 février 2012
mercredi 8 février 2012
Pour lire cet article sur le site du Monde avec les graphiques
Le Monde lance aussi unappel à témoignage auprès des jeunes et futurs professeurs.
Carton rouge. De la réforme de la mastérisation, qui a fait passer le niveau de recrutement des enseignants de bac+3 à bac+5, la Cour des comptes propose de ne rien garder. Ni la date du concours, ni le mode d’affectation des enseignants, ni leur pseudo-formation. Pour les sages de la rue Cambon, cette réforme, adoptée en conseil des ministres en juin 2008, a manqué toutes ses cibles.
Les économies envisagées
La Cour a refait le calcul. La suppression de 9 567 équivalents temps plein aurait pu rapporter 707 millions d’euros en 2011. Mais, une fois enlevé le coût de mesures d’accompagnement, comme la revalorisation des débuts de carrière (38 millions d’euros), les bourses au mérite versées aux étudiants (25 millions) ou les indemnités de tutorat (27 millions), il ne reste plus que 370 millions d’économies. Les magistrats se sont arrêtés là dans leur calcul, suggérant qu’il faudrait aussi ôter le coût supplémentaire pour la nation des deux années d’études qui mènent de la licence au master – à 10 000 euros l’année par élève.
Un master d’enseignement souvent préparé pour… rien. " Le taux d’échec important aux concours de recrutement traduit du point de vue de la bonne gestion des finances publiques, une inefficience marquée, les étudiants recalés auront été coûteusement et spécifiquement formés à un métier qu’en définitive ils n’exerceront pas ", note la Cour. La rue Cambon propose donc " d’organiser les concours avant ou au début des masters ". Un peu comme avant la réforme…
L’amélioration du niveau des enseignants
" Plus de 70% des enseignants recrutés au mois de juin précédent n’avaient aucune expérience de l’enseignement. Or les conditions de leur prise de fonctions à plein-temps n’ont pas fait l’objet d’une attention suffisante ", relève la Cour, qui estime que " ce nouveau dispositif a été engagé pour pouvoir tirer parti le plus rapidement possible des économies d’emplois qu’il permettait ".
Ainsi les magistrats regrettent-ils que des enseignants stagiaires aient été affectés dans deux ou trois établissements différents : dans une académie du Sud-Est, cela a été le cas de tous les enseignants d’arts, mais aussi de 25% des professeurs de sciences physiques, 24% d’histoire-géographie, 22% d’anglais… Ce qui complique l’intégration dans une salle des professeurs.