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Eva Joly : une refondation de la formation et la création de 20 000 postes pour les enseignants - VousNousIls, 10 février 2012
vendredi 10 février 2012, par
Vous souhaitez un nouveau "pacte" entre les Français et leur école : de quoi s’agit-il ?
Il s’agit de mettre les choses à plat : l’école a à la fois besoin de moyens, que la politique de la droite a supprimés de façon aveugle, et de changer, ce qui requiert une mobilisation de tous. Ce nouveau pacte doit s’asseoir à la fois sur la restauration des moyens de l’éducation, en faveur de la formation, du nombre de postes et des banlieues, tout en étant accompagné d’une réforme des méthodes pédagogiques que nous mènerons avec les enseignants, les syndicats, les associations de parents d’élèves, les mouvements pédagogiques. A travers une grande concertation, elle devra encourager les innovations pédagogiques, l’autonomie des équipes, une présence renforcée dans les écoles.
Des programmes impossibles à tenir, des rythmes scolaires trop intenses et des évaluations toujours plus précoces... Autant de griefs des enseignants. Faut-il changer de modèle scolaire ?
Le modèle scolaire français est fondé sur une tradition centralisatrice, l’habitude étant de se fier systématiquement à ce qui se dit au sommet, dans les moindres détails.
Les programmes, les horaires, la logique qui veut qu’un professeur enseigne une matière à une classe pendant une heure pour que les élèves obtiennent des notes afin de passer dans la classe supérieure, ne semblent pas pouvoir changer. Or ces caractéristiques ne sont plus adaptées aux enjeux du XXIe siècle, à l’heure où il faudrait reconnaître que l’hétérogénéité est devenue une donnée fondamentale de l’acte pédagogique.[…]
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[…]Quel plan d’actions pour améliorer l’enseignement supérieur et réduire le taux d’échec des premiers cycles ?
L’accès ouvert au supérieur est un pilier du droit à la formation pour tous. Mais il ne peut plus se résumer à la libre entrée à l’université, alors que c’est une voie de formation exigeante et supposant une forte autonomie méthodologique. Davantage de bacheliers techniques et professionnels doivent pouvoir trouver une place en IUT et BTS, si nécessaire via un système de quota. L’accompagnement à l’entrée des universités doit être personnalisé, sous forme de stages de pré-rentrée ou même de semestre ou d’année de mise à niveau. Et des moyens réels, notamment humains, doivent être mis en œuvre pour permettre de véritables améliorations de la pédagogie universitaire, là où les "plans licence" du gouvernement ne permettaient que des expérimentations sans lendemain.
La dimension sociale ne doit pas être oubliée. L’entrée dans le supérieur s’accompagne très souvent du départ du domicile familial et/ou de l’obligation de subvenir à ses besoins, ce qui conduit nombre d’étudiants à prendre une activité professionnelle, laquelle pèse sur leurs conditions d’études. Le système de bourses d’études doit donc être rendu plus généreux et évoluer progressivement vers un revenu d’autonomie, et le logement étudiant fortement développé : nous fixons un objectif de 10 000 nouveaux logements par an.
Reviendrez-vous sur l’autonomie des universités et sur la loi relative aux libertés et responsabilités des universités ?
Il faut organiser l’autonomie des étudiants et des universitaires, là où la LRU n’a mis en place que l’autonomie des présidents d’université. Dès l’été 2012, des États Généraux de l’enseignement supérieur et de la recherche seront lancés, avec l’objectif de proposer une loi remplaçant la LRU avant l’été suivant. Une telle loi ne se limitera pas à remettre la démocratie au cœur du fonctionnement des universités : elle devra faire avancer le rapprochement avec les grandes écoles et intègrera une programmation budgétaire.
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