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Jeunes chercheurs du CNRS contre la prime d’excellence, S. Huet, Sciences2, 19 mars 2012
mardi 20 mars 2012
Emulation oui, concurrence stupide et prime d’excellence non. C’est le message d’un groupe de huit jeunes scientifiques, recrutés au Cnrs depuis peu dans un courrier qu’il m’ont envoyé et que je publie ci-dessous.
Cette question de la prime d’excellence comme "moyen de récompenser les meilleurs" alors que la recherche publique connaît de plus en plus de précarité soulève depuis sa création par Valérie Pécresse une contestation récurrente.
Cette décision et cette politique ont soulevé des protestations au Cnrs, avec une pétition, mais qui ont parfois pris la forme assez originale du refus individuel de ces primes. Ce refus peut être de principe, comme cette liste de chercheurs, ou cette lettre de Didier Chatenay. Mais elle prend tout son sens lorsque des chercheurs décorés refusent la prime qui va avec la médaille. Alain Trautmann, tout juste élu au Conseil Scientifique du Cnrs - et qui vient d’accorder une interview à Sciences2 sur le fonctionnement de l’Agence nationale de la recherche dont il dénonce l’opacité - a donc mis ses actes en accord avec ses principes. Lireici une analyse critique des PES à l’INRA.
« Pourquoi nous ne demandons pas la prime d’excellence scientifique
Les réformes en cours du système de recherche français sont inquiétantes, en particulier dans leur logique de mise en concurrence des institutions et des personnes. La décision d’attribuer chaque année une "prime d’excellence scientifique" (PES) à un faible pourcentage des chercheurs CNRS en est symptomatique.
Nous pensons en effet que la logique sous-jacente à ce type de rémunération est contraire aux principes de la recherche scientifique qui nécessite en permanence un travail collaboratif, une mise en commun des compétences, un partage des résultats obtenus. La valorisation de l’excellence individuelle, au contraire, incite à travailler seul, entouré "d’inférieurs hiérarchiques précaires" (stagiaires, thésards, postdoctorants) avec qui on ne risque pas de partager le crédit des découvertes auxquelles ils contribuent. Cette logique introduit le réflexe du "moi d’abord" là où l’intérêt collectif devrait prévaloir.
En pratique, la PES est rejetée par la communauté des chercheurs. Les 600 primes offertes pour les 12000 chercheurs CNRS correspondent à 20 candidatures par prime. Au final, on comptait en 2010 deux à trois candidats par prime ; la sélection s’est donc faite principalement sur le choix de se présenter et non sur l’excellence des dossiers. (...)"
Pour lire la suite ce cette lettre sur le blog de S. Huet