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IDEX partout, démocratie nulle part ! - Poolp, 14 avril 2012
lundi 16 avril 2012, par
Université : lancement contrasté pour l’idex [à l’université Aix-Marseille]. par Jean-Marie Leforestier. Publié sur Marsactu, 14 avril 2012.
En mai, les premières actions concrètes liées aux bénéfices du grand emprunt démarreront. Les syndicats parlent d’une mise en route opaque. Le président évoque lui l’enthousiasme de ses troupes.
Deux mois et demi depuis l’annonce de la sélection de l’initiative d’excellence de l’université d’Aix-Marseille (Amidex) et les équipes piaffent d’impatience à l’idée de pouvoir lancer leurs projets. Tel est le tableau idyllique brossé par le président Yvon Berland alors que la convention entre l’État et l’Amu a été signée le 6 avril. Un peu rapide considère l’opposition qui estime que la procédure a été escamotée. Longtemps, le silence a été de mise au sein de l’institution quant au dossier retoqué une première fois puis retravaillé pour être finalement sélectionné. Pendant tout ce temps, il était hors de question de trop en dévoiler sous peine d’aider finalement la concurrence à bonifier ses plans. Un secret industriel que tout le monde avait compris.
La gestion de l’après-victoire a elle paru plus délicate. Le représentant de la FSU au conseil d’administration et ancien candidat à la présidence Michel Provansal se lamente : "On en a connu les grandes lignes en même temps que les journalistes lors de la conférence de presse". Une absence d’information préalable qui aurait aussi eu cours avant la signature de la convention selon un ancien élu au conseil d’administration de l’université de Provence. Mathieu Brunet, en rajoute en effet une couche dans Le Monde le 8 avril : "Les membres des conseils d’administration n’ont reçu aucune information sur cette opération qui engage la politique de recherche de notre université pour dix ans. La présentation a été mise en ligne, sur l’intranet, le 30 mars, soit huit jours avant la conclusion de la convention... C’est ahurissant !"
"Absence de débat"
Des critiques que rejette Yvon Berland en s’appuyant sur les textes : "Je n’ai pas présenté cette convention en CA car je n’avais pas à le faire, explique-t-il. En m’élisant, le conseil d’administration m’a donné mandat pour le faire et j’en signe tous les jours. Sinon, j’aurais dû attendre fin avril pour la signer !" Un délai qui ne paraît pas insurmontable quand on connaît et la lenteur habituelle de l’administration universitaire et l’importance de ce projet, 750 millions d’euros de financement tout de même, qui n’a rien à voir avec les conventions habituelles qui ont vocation à gérer le quotidien. Même la région a un temps râlé de voir le texte soumis uniquement en anglais et regretté "l’absence de débat" par la voix du conseiller délégué à l’enseignement supérieur Bernard Morel. Yvon Berland justifie l’urgence : "On m’a demandé de signer avant les élections. On m’a dit "votre dossier est prêt". Il vaut mieux signer tant que les gens en place sont encore là".
"Volonté politique d’accélération quitte à mépriser la démocratie universitaire", répondent les opposants. "Les points de la convention figuraient dans le contrat quadriennal [qui fixe la politique d’enseignement et de recherche pour les années à venir, ndlr] qui a été adopté en CA et 150 directeurs de recherche que j’avais réunis m’ont dit que je pouvais signer ce texte", lance Yvon Berland. Au final, le conseil d’administration n’a reçu avec le quadriennal qu’une vingtaine de pages de résumé sur les quatre-vingt seize que compte le dossier. Suffisant pour se faire une idée ? Peut-être, reste que Berland a ainsi donné prise aux craintes de pertes du pouvoir exprimées par une partie de la communauté universitaire à Marseille (mais aussi ailleurs, en témoigne une motion votée en protestation ce jeudi à l’Inalco) quand bien même le conseil d’administration reste dans le schéma de gouvernance le donneur d’ordres par rapport au conseil de l’Idex qui réunit représentants de l’université et des composantes de l’Idex (CNRS, CEA, etc.).
Domaines prioritaires
De toute façon, la marge de manoeuvre sera très étroite : la convention est déjà signée et les lignes du projet à respecter sont claires. allant même jusqu’à fixer les montants alloués à chaque point. Ainsi, la Maison de l’innovation et de la technologie recevra 11,4 millions d’euros par an sur dix ans (soit 1/7e du budget global) pour financer des partenariats de recherche public-privé "dans ce domaine extrêmement lucratif", précise le document que Marsactu s’est procuré.
La définition des aires prioritaires est elle aussi plus finement détaillée que dans la présentation de février. Le pôle énergie se concentrera sur la fusion et la fission nucléaires et les énergies vertes, la recherche en santé travaillera essentiellement sur les neurosciences, la microbiologie et les maladies infectieuse. Côté "environnement, planète, univers", l’accent sera mis sur la cosmologie et l’océanologie. Le couplage photon électron et la sécurité digitale seront aussi mis en avant dans le domaine scientifique. En sciences humaines, on mettra l’accent sur le numérique et l’espace méditerranéen. Dans ce ciblage, on peine à comprendre comment pourront s’insérer certaines spécialités (mettons l’équipe d’études germaniques et slaves) dans ce projet. L’Amidex mise sur "l’effet d’entraînement" pour que la bonne santé de ces domaines d’excellence rejaillissent sur l’ensemble des filières. "Tout le monde pourra postuler aux appels d’offre", rassure Yvon Berland. Reste à savoir si tous auront finalement accès à cette manne financière qui doit servir d’accélérateur pour l’université provençale.