Accueil > Revue de presse > Blogs > Fioraso interpellée par le Front de Gauche et le SNCS FSU - S. Huet, blog (...)
Fioraso interpellée par le Front de Gauche et le SNCS FSU - S. Huet, blog {Sciences2}, 28 juin 2012
jeudi 28 juin 2012, par
La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, a reçu deux missives qui viennent de sa gauche. L’une du Front de Gauche, et l’autre du Sncs-FSU.
La première est une sorte de discours de la méthode, réclamant une mise à plat des réformes sarkozienne et une politique leur tournant le dos. Elle affirme notamment : « La Communauté universitaire et scientifique a subi des assauts répétés et continus dans le quinquennat qui précède. La nécessité de mesures de réparation est patente. C’est certainement le cas au niveau budgétaire, mais aussi au plan de la démocratie et de la reconstitution d’un tissu scientifique et de formation supérieure national particulièrement malmené. Ceci suppose préalablement un état des lieux sans complaisance, à l’établissement duquel la collectivité académique dans son ensemble doit être conviée. Un plan d’urgence au niveau des moyens budgétaires, de premières mesures de résorption de la précarité sont indispensables. » La suite ici.
La seconde annonce un début de guérilla juridique contre les IDEX, (Initiatives d’excellence) destinée à persuader la ministre de mettre en cause ces structures et modes de financement dont les conventions ont été imposées à la hussarde par Laurent Wauquiez dans les tous derniers jours du gouvernement Fillon. On y lit : « Face au mutisme du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui non seulement n’annonce aucune interruption du processus d’installation des « initiatives d’excellence » (IDEX) mais de surcroît oppose un silence tenace à toutes nos demandes de communication des conventions de financement signées par l’Etat fin avril et début mai, le SNCS-FSU se voit contraint de poursuivre sa campagne de recours, pour mettre au jour les anomalies et les nombreux effets pervers des IDEX. Aujourd’hui c’est contre la convention de préfinancement de l’IDEX UNITI de Toulouse qu’un recours gracieux est envoyé conjointement par le SNCS-FSU et SUD-Recherche EPST, d’une part à madame la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, d’autre part à la nouvelle présidente du PRES de Toulouse qui porte cette IDEX. Ce recours s’appuie sur le fait que la convention de préfinancement signée, fin avril ou début mai par l’administrateur provisoire du PRES, l’a finalement été dans une version différente de celle qu’avait approuvée le conseil d’administration du PRES. De fait cette nouvelle version comporte des engagements financiers qui n’ont pas été soumis au conseil d’administration ».(La suite ici).
Le discours de Geneviève Fioraso depuis sa nomination est prudent, les signes qu’elle envoie à la communauté scientifique et universitaires se veulent rassurants, avec une vive critique de la période Sarkozy, mais le doute monte sur trois points : l’argent, l’emploi, les structures.
Côté finances, comme elle l’a répété à de nombreuses reprises hier soir, lors d’une séance d’une heure de questions réponses à l’Assemblée générale de l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (photo ci-dessus), les espoirs sont maigres pour la recherche publique. La revendication de décisions d’urgences lors du collectif budgétaire ne semble pas devoir être entendue. Madame Fioraso évoque certes la nécessité de "rééquilibrer" les ressources entre les appels d’offres et les crédits récurrents des laboratoires... mais sans encore donner le moindre chiffre. Or, pour qu’un tel rééquilibrage ne soit pas cosmétique et redonne de l’oxygène et la possibilité de conduire une politique scientifique aux laboratoires, il faudrait basculer une part très importante des crédits ANR vers les laboratoires.
Côté emploi scientifique, la première urgence c’est de démonter la bombe retardement laissée par Valérie Pécresse de centaines de CDD en post-doctorat et d’ingénieurs ou techniciens, financés par les contrats à court terme de l’ANR. Affolé par l’obligation légale d’embaucher en CDI lorsque les CDD dépassent les six ans, la direction du Cnrs envoie l’ordre de soumettre toute reconduction de CDD à l’approbation des directions d’Institut (lettre ci-dessus). Va t-on jeter des laboratoires des centaines de personnes qualifiées qui n’ont pas démérité ? L’absence de création d’emplois scientifiques interdit de résorber cette précarité et risque de priver la recherche d’un potentiel précieux.
Côté structures, la ministre alterne les vives critiques sur les partenariats public/privé et le mode de financement du plan Campus ou la complexification du système de recherche... et un silence prudent sur ce qu’elle entend faire des structures (AERES, ANR, Alliances, IDEX...) créées depuis cinq ans.
À lire en ligne ici