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Communiqué des collectifs de précaires - 30 novembre 2012
dimanche 2 décembre 2012
Les collectifs de précaires participent aux assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche les 26 et 27 Novembre 2012.
Les 50 000 précaires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) étaient représentés aux Assises de l’ESR par 4 représentants (Post-doc et ITA) de collectifs locaux de lutte contre la précarité. Ces représentants ont porté les revendications communes à tous les collectifs au niveau national. En parallèle, les collectifs locaux de précaires ont manifestés le 26 Novembre dans les rues de Marseille, Nice, Toulouse, Montpellier, Bordeaux et Paris. Ces manifestations qui ont rassemblé des milliers de titulaires et non titulaires avaient comme objectif de rendre publiques les revendications des collectifs de précaires, soutenues par des organisations syndicales (FSU (SNESUP – SNCS – SNASUB – SNEP) - CGT (SNTRS) - Solidaires (Sud Education – Sud Etudiant - Sud Recherche EPST - Sup’Recherche UNSA)) et professionnelles (Sauvons La Recherche et Sauvons l’université).
Conscients qu’un CDD peut être une étape nécessaire dans le développement d’une carrière, nous protestons contre le recours systématique aux contrats à durée déterminée, et surtout contre la tendance actuelle à l’enchaînement des CDD pendant plusieurs années, tout cela au détriment de la création de postes de titulaires. Ainsi nous ne pouvons que nous insurger contre l’augmentation du nombre d’agents en CDD dans nos laboratoires depuis la création de l’ANR (+26.6 % de CDD au CNRS), qui conduit, dans certains instituts, à avoir plus de personnel contractuel que statutaire.
Lors de ces Assises de l’ESR, les réactions qu’ont suscitées nos interventions ont montré qu’il existe encore parmi la communauté scientifique une sous-évaluation du problème. Même M. Pierre Tambourin, membre du comité de pilotage des Assises, avouera avoir été surpris par le chiffre pourtant avéré de 50 000 précaires dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche publique (10300 au CNRS, 3561 à l’INSERM, 2380 à l’INRA, 28000 à l’université rien que pour le corps enseignant, sans compter les précaires à l’IRD, INRIA, IRSTEA).
De peur d’avoir à les CDIser (conséquence de la loi Sauvadet), les établissements de recherche se sont armés de circulaires interdisant la reconduction des contrats d’agents ayant plus de 3 ans d’ancienneté dans l’ESR (alors que la loi de 1984 leur permet d’être employé pendant 6 ans dans la fonction publique) et ces organismes se séparent donc des agents qu’ils ont pourtant embauchés pendant des années pour leurs grandes compétences. Ce gâchis est inacceptable pour les agents, et représente une perte considérable pour les organismes de recherche et les universités, qui se privent ainsi d’une génération entière de personnel hautement qualifié. À l’évidence, le départ de ces agents et de leur savoir altérera durablement et profondément le fonctionnement des laboratoires si l’hémorragie n’est pas circonscrite rapidement.
Si le Ministère de l’ESR prend progressivement conscience de l’ampleur de la situation et laisse envisager des solutions à long terme dont l’étendue reste à préciser, il semble qu’aucune solution d’urgence ne soit pour l’instant prévue pour enrayer le dégraissage massif et quotidien des CDD. La nécessité de répondre au plus vite à cette hémorragie a d’ailleurs été totalement occultée lors de la synthèse de ces Assises nationales.
Dans son discours d’ouverture des Assises Nationales, Jean Marc Ayrault a énoncé la ligne gouvernementale concernant l’Enseignement Supérieur et la Recherche, qu’il souhaite empreinte d’« ambition mais en même temps [d’] une certaine idée de la France d’être ensemble, de justice et il n’y a pas de compétitivité économique sans compétitivité sociale, sans promotion de certaines valeurs qui sont celles de la République française ». Il nous semble aujourd’hui évident que le premier acte fondateur de cette orientation politique de la recherche doit être la résolution du problème de la précarité à la fois à court et à long terme.
Nos revendications sont les suivantes : - Une mesure d’urgence pour mettre un terme immédiat au dégraissage des CDD, et donc la reconduction de tous les contrats financés. - La mise en oeuvre d’un plan pluriannuel de création de poste pour toutes les catégories : au moins 5000 postes par an pendant 5 ans financés entre autres par les moyens que l’ANR consacre aux CDD ainsi que par les abattements fiscaux dont bénéficient les grandes entreprises par le biais du Crédit Impôt Recherche. - La CDIsation ou titularisation de tous les agents entrant dans le cadre de la loi Sauvadet, sans que ces postes ne soient prélevés sur les créations de postes citées précédemment.
Les collectifs de précaires espèrent que ces revendications seront entendues et suivies à court terme de mesures politiques et juridiques concrètes. Ils attendent d’ailleurs du rendez-vous pris avec la ministre le 4 décembre que celui-ci permette des avancées significatives pour faire face à cette situation dramatique que connaît l’ESR.
Lu dans le blog de Sylvestre Huet ici