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Formation des enseignants : polémique à gauche, S. Huet, Sciences2, 23 janvier 2013
mercredi 23 janvier 2013
La formation des enseignants et sa réforme suscitent de nombreux débats. Sciences² y avait contribué en publiant un texte provenant du GRFDE le 14 janvier. Il présentait une conclusion assez paradoxale de l’analyse des coûts de ses propositions : la formation la meilleure était aussi la moins chère.
Ce texte a suscité une réaction vigoureuse de deux enseignants, syndicalistes au SNEP-FSU. Le débat ainsi posé se situe clairement entre citoyens "de gauche". Le GRFDE ayant a son tour répondu à cette réponse, je publie ci-dessous les deux textes que leurs auteurs m’ont fait parvenir.
D’abord la critique de Claire Pontais et Christian Couturier :
Claire Pontais, Christian Couturier- SNEP-FSU – 15 janvier 2013
Les mauvais calculs du GRFDE
Le GRFDE, qui est un groupe de formateurs et d’universitaires, a annoncé ces jours-ci que le schéma de formation qu’il propose (concours à l’issue de L3, puis 3 années de formation) est le plus performant et le moins cher du marché ! Ce groupe affiche le soutien de personnalités connues du monde de l’éducation comme Meirieu, Rochex ou Dubet.
Nous nous étonnons, dans cette initiative, d’au moins deux choses. Tout d’abord que la question du financement global de la formation que personne, à notre connaissance n’a été capable de chiffrer jusqu’à présent, pas même le ministère, devienne un argument principal. Ensuite que ce scénario (concours en L3) qui avait complètement disparu du paysage depuis la mastérisation, revienne, alors même que les conditions et le contexte ont été complètement bouleversés.
Le SNEP-FSU, lui-même porteur d’alternatives au schéma officiel, engage ici certaines controverses au projet présenté, qui non seulement oublie un certain nombre de paramètres dans ses calculs mais pose en outre de sérieux problèmes.
Un raisonnement qui oublie certains paramètres
La proposition du GRFDE, passé l’ensemble des tableaux, se résume à l’idée suivante : c’est du gâchis de former 400 étudiants en M1 et M2 quand l’Etat n’a besoin que de 100 professeurs. Sa solution est simple : recrutons les 100 profs plus tôt et économisons le coût de 300 étudiants. Ce raisonnement soulève trois problèmes :
Le GRFDE part du principe que des études débouchant sur les concours d’enseignants sont tubulaires : elles n’ouvrent à rien d’autre ; alors un échec au concours est un échec de la formation et donc un gâchis. C’est selon nous une erreur d’appréciation qui ne correspond pas à la réalité. Toute qualification à Bac + 5 doit permettre d’accéder à un niveau de formation qui ouvre des possibles. Dans ce sens ce n’est certainement pas un gâchis, mais plutôt un investissement.
Si l’Etat recrute 100 profs en L3, les 300 « autres » font de toute façon des études universitaires et représentent le même coût (le GRFDE l’accorde, il n’y a donc pas d’économies possibles de ce côté là).
Aujourd’hui, la quasi-totalité des étudiants qui se préparent au métier deviennent enseignants. En effet, le ratio n’est plus de 1 sur 4 mais de 1 sur 2, voire moins dans les CAPES, CAPEPS et CAPLP. S’il y a des économies à opérer, elles sont dans la rapidité du parcours de l’étudiant, qui pourrait être réglée par un réel pré-recrutement. Celui-ci sécuriserait les parcours individuels, augmenterait les possibilités de réussite, tout en régulant les flux, sans empêcher les entrées après la Licence, indispensables aujourd’hui pour répondre aux besoins de recrutement.
Le GRFDE propose que les deux années de formation soient rémunérées. On ne peut qu’être d’accord. Il propose également que les étudiants ne soient pas en responsabilité totale en M1 et M2. Encore d’accord. Si l’on compare ce projet à celui du gouvernement, il y a 10 000 postes d’écart puisque le GRFDE envisage de rémunérer les étudiants de M2 pour étudier, tandis que Peillon les rémunère pour enseigner ! Le GRFDE doit donc rajouter 10 000 postes dans son calcul si les étudiants ne sont pas utilisés comme moyens d’enseignement ! Pour les économies, c’est raté !
Un raisonnement politiquement problématique"
Pour lire la suite de la critique et la réponse du du GRFDE sur le blog de S. Huet