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Geneviève Fioraso présente la LRU2 - Blog "Le Sup en maintenance" - 21 mars 2013
mardi 26 mars 2013, par
Mme Fioraso ne nous épargnera aucune des recettes éculées de "la com politique". Elle présentait mercredi son projet de loi LRU2 en conseil des ministres avant d’assurer le service après-vente dans de nombreux médias.
La technique est bien rodée. Pour neutraliser les oppositions on met en avant deux ou trois dispositions secondaires du projet de loi et des expressions consensuelles comme "la réussite étudiante" ou "l’excellence de la recherche", on tait les enjeux essentiels du texte ... et on ne doute pas quand on s’arrange avec la vérité.
A croire Mme Fioraso, la LRU2 "n’est pas une loi de gouvernance" (interview donnée au Figaro étudiant). Et oui ! Nous n’avons rien compris ! La régionalisation des universités, la remise en cause systématique des processus démocratiques dans l’enseignement supérieur et la recherche, la privatisation de l’enseignement supérieur et de la recherche, la suppression des CS et CEVU qui deviennent de simples "commissions" d’un "sénat académique" médiocrement inspiré d’un prétendu "modèle américain" qui se débat aujourd’hui avec une dette colossale... ce n’est pas de la gouvernance !
L’enjeu de ce projet selon la ministre ?
Les formations en anglais car sinon "nous n’attirerons pas les étudiants de pays émergents comme la Corée du Sud et l’Inde" (Libération, le projet fade fâche déjà). L’Inde un pays émergent en matière d’enseignement supérieur ! Mme Fioraso a-t-elle la moindre idée du niveau de qualité de l’enseignement supérieur en Inde et des moyens, financiers et humains, dont disposent les grandes universités indiennes ?
Il y a aussi la "réussite étudiante". Personne n’est contre.
Mais derrière cette déclaration ambitieuse on ne trouve que le continuum lycées/universités sur lequel la loi ne fait qu’entériner des avancées réalisées depuis des années par ces partenaires ou les quelques gages donnés à une direction de l’UNEF plus facile à convaincre que sa base.
Quant à "l’excellence de la recherche", la ministre n’insiste pas sur l’annonce la plus importante de la journée : la valorisation de la recherche ne passera pas devant le Parlement ! Un nouveau livre du code de la recherche "relatif à l’exercice des activités de transfert pour la création de valeur économique" sera traité par ordonnance (AEF)... Décidément ce gouvernement a un problème avec le débat démocratique sur les grands enjeux économiques.
Et puis il y a les fausses vérités et les vrais mensonges, l’affirmation que le budget de l’enseignement supérieur augmenterait de 2,2% en 2013 et que l’ESR aurait obtenu "la création de 1.000 emplois par an qui sont assurés pendant toute la durée du quinquennat" (interview du 20 mars 2013 sur France-Info). Quand les universités viennent de découvrir la "contribution au redressement des comptes publics" ou le prélèvement pour "jour de carence" au forfait et que le gouvernement reprend deux fois plus de crédits qu’il n’en a consenti pour créer les 1.000 postes, la ficelle est grosse, mais comme le dit F. Hollande "n’inquiétez pas les français" et "maîtrisez votre communication" (Le Monde, Hollande le grand doute, 8 mars 2013).
À lire ici (ainsi que les autres articles de Yann Bisiou)