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Pourquoi de nombreuses universités sont-elles en déficit ? - La Croix, 26 septembre 2013
dimanche 29 septembre 2013, par
Selon le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, 15 des 76 universités devraient terminer l’année dans le rouge. Un chiffre sous-évalué, selon la Conférence des présidents d’université.
Le prochain budget, présenté mercredi 2 octobre, ne devrait pas permettre d’inverser la tendance, malgré une légère hausse.
Jean-Loup Salzmann, président de la Conférence des présidents d’université (CPU) :
« Théoriquement, les universités n’ont pas le droit de présenter un budget en déséquilibre. Toutefois, dans bien des cas, le compte de résultats montre qu’elles totalisent plus de dépenses que de recettes. Si elles sont en déficit pour la deuxième année consécutive (NDLR : c’est le cas de trois d’entre elles selon le ministère, de cinq à dix selon la CPU), elles sont placées sous la tutelle du ministère. Tutelle plus ou moins prescriptive, selon que l’établissement possède ou non un fonds de réserve lui permettant de revenir vers l’équilibre…
La principale raison de ces difficultés financières réside dans l’attitude de l’État à partir de 2007, au moment du passage des universités aux responsabilités et compétences élargies, en matière notamment de gestion des ressources humaines. Au lieu de jouer correctement un rôle de conseil et d’accompagnement, il a cherché à réaliser des économies sur le transfert de la masse salariale. Et nous en payons aujourd’hui les conséquences. Contrairement à ce qui est parfois dit, ce n’est pas le principe d’autonomie qui est en cause, pas plus que de prétendues embauches inconsidérées. Tout simplement, les sommes qui nous ont été transférées ne suffisent pas à payer l’ensemble de nos personnels.
L’évolution du budget 2014 ne permettra pas de changer la donne
Conséquence : un certain nombre d’universités n’ont d’autre choix que de geler des postes existants, de ne pas pourvoir une partie des 1 000 postes supplémentaires attribués, à l’échelon national, par le ministère, de différer des investissements, de réduire leurs capacités d’accueil, voire de supprimer certaines formations (NDLR : l’université Montpellier 3 envisage la fermeture de son antenne de Béziers).
L’évolution du budget de l’université pour 2014 (+ 0,9 %) ne permettra pas de changer la donne. Sur les 100 millions d’euros supplémentaires dont bénéficieront les universités, 40 % serviront à financer l’augmentation des cotisations patronales des fonctionnaires. Le reste compensera l’accroissement naturel de notre masse salariale sous l’effet de l’ancienneté des personnels et des changements d’échelon. Il n’existe, à mes yeux, qu’une solution : l’État doit reconnaître qu’il a sous-évalué la masse salariale au moment du passage à l’autonomie et accorder aux universités les crédits qui leur font défaut. »
Recueilli par DENIS PEIRON
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