Accueil > Revue de presse > L’université Aix-Marseille fait un mariage de raison avec les entreprises - (...)
L’université Aix-Marseille fait un mariage de raison avec les entreprises - La Provence, 27 septembre 2013
jeudi 3 octobre 2013, par
Aix-Marseille entend amplifier son rôle dans la formation des savoirs et la recherche. AMU se veut à l’écoute des besoins des acteurs économiques.
Comment l’université forme-t-elle ses étudiants au monde de l’entreprise et comment répond-elle à ses besoins ? Tel a été hier matin le thème du Petit-déjeuner organisé par "La Provence" et l’Université d’Aix-Marseille, auquel étaient associés les différents partenaires du Club de l’Économie de "La Provence".
Pour Yvon Berland, médecin et président d’Aix Marseille-Université (Amu), une structure qui accueille 72 000 étudiants sur cinq campus et dispose d’un budget de 750 millions d’euros, le premier objectif "est d’être visible et lisible des étudiants et des entreprises". Il ajoute "que la fusion qui a conduit en 2012 à la constitution d’Amu a aussi eu pour but de rationaliser, de mettre un terme aux compétitions entre universités". Bref, la nouvelle université, première en France de par sa taille, veut aussi mettre en évidence ses moyens et ses atouts.
"Il faut développer la recherche et croiser les disciplines. Les juristes doivent pouvoir parler aux médecins et échanger leurs savoirs". Une interdisciplinarité qui ne peut qu’être source de richesse. Mais surtout, cette union faisant la force, Amu attend d’elle "une plus grande visibilité au niveau international". Des propos en cours de traduction dans les actes : Amu s’apprête en effet à prendre pied en Chine au terme d’un appel à candidatures pour "une Cité de l’Europe". "Nous allons déposer le dossier fin septembre. Nous avons trouvé des partenaires chinois qui sont prêts à investir 400 millions d’€. Le but est de créer un lien académique et encore une fois d’être visible". Puis d’ajouter : "Nous avons envie de former à l’international et à l’étranger. D’où nos partenariats avec la Corée ou le Japon".
"Notre ambition est d’être un acteur essentiel du développement socio-économique", poursuit Yvon Berland. Trop longtemps enfermée dans sa tour d’ivoire, l’université prône donc l’ouverture et les liens avec l’entreprise. "Nous en avons tissé avec Eurocopter, avec CMA CGM ou encore avec Bull. Les entreprises nous disent avoir des besoins, nous utilisons notre potentiel pour y répondre en développant des axes de formation et de recherche. Ce dernier point est important, car nous avons cette capacité à impulser une recherche". Un exemple ? "Nous travaillons au développement d’une pile à combustible pour les bus de la RTM", répond Yvon Berland.
Outil fédérateur de connaissances, "Amu construit le savoir à partir de la recherche". Et pour cela n’hésite pas à innover, comme le fait une entreprise. "Il faut être à l’écoute des entreprises". Traduction dans les faits : Amu apporte sa contribution à la réalisation d’une Maison de l’Innovation et des Technologies à Rousset. Un projet qui devrait voir le jour dans quelques mois. Mais en agissant de la sorte, l’université ne fait pas qu’être à l’écoute des entreprises. "Elle se met aussi à la disposition du territoire". Et de là, nourrit son attractivité. Appréciable et louable.
"Une relation historique avec l’université"
Tous les responsables d’entreprises sont unanimes pour dire qu’il est impératif que l’université travaille avec le monde de l’entreprise, "pour élargir l’offre des formations en fonction de la demande." Des évolutions sont déjà notables comme l’ont souligné les participants au Club de l’Économie de "La Provence" hier. À commencer par la Caisse d’Épargne qui a, depuis deux ans, "une relation historique avec l’université, qui a abouti à la création de deux DU (diplômes universitaires) dans le domaine de la banque."
Fabien Finucci a rappelé, au nom du groupe Orange, que l’opérateur a déjà accueilli 5 000 alternants sur la France . "Les relations établies avec l’université commencent à porter leurs fruits. Nous intervenons également dans certaines formations. Mais, déplore-t-il, il y a encore des filières trop peu connues dans l’industrie numérique, je pense par exemple à la difficulté qu’ont les TPE et les PME à recruter des développeurs. On doit promouvoir ces métiers émergents qui connaissent moins la crise. À condition que l’université puisse appréhender ces nouvelles formations."
Philippe Michard, à l’Institut Paoli-Calmettes de lutte contre le cancer, se félicite des liens permanents. "L’historique de la formation du personnel s’est construit sur la relation permanente entre les enseignants et les professionnels de terrain et elle continue au XXIe siècle. On ne peut pas se passer de l’université. Des chercheurs aux médecins en passant par les pharmaciens, tous ont alterné les formations pratiques et théoriques. Nos médecins enseignent à la faculté. Et on ne peut pas imaginer une médecine qui ne soit pas en relation avec la recherche et l’enseignement. En santé, on n’est jamais formé une fois pour toutes." Patrick Siri qui, avec les Business Angels, finance et aide de toutes petites entreprises innovantes, a lancé l’idée de "mettre en forme l’expertise de ces gens de la transformer en produit de service. Plus on qualifiera le porteur de projet, plus il aura des compétences. Il y a des choses à faire avec les étudiants qui créent leur société."
À Pôle emploi, son directeur régional adjoint Jérôme Marchand-Arvier se réjouit de l’optimisme ambiant. "Ce sont alors autant de jeunes bien formés qui ne viendront pas nourrir les bancs de Pôle emploi."
Chez EDF, "on n’a pas attendu pour mettre en place une passerelle" comme l’expliquent Pascla Peres et Laurence Boulin. "Le 7 novembre AMU et EDF signeront une convention de partenariat couvrant des actions de soutien en faveur des formations "coeur de métiers" de la Production et l’ingénierie d’EDF et en soutien spécifique à l’ouverture de deux masters dans les domaines de l’instrumentation nucléaire et de l’énergie nucléaire avec la Fondation EDF. Ce partenariat s’inscrit dans le cadre de la politique de renouvellement des compétences du Groupe. 1 500 ingénieurs et cadres seront en effet recrutés en 2014".
Henri Azenag, directeur des trois centres Afpa de Marseille, a expliqué, qu’"en partant du principe qu’on a tous le droit à plusieurs vies professionnelles, l’Afpa intervient en complément de l’Éducation nationale. Elle propose de nombreuses possibilités de rebondir professionnellement durant sa vie en formant, notamment les demandeurs d’emploi, pour intégrer les 100 000 emplois qui sont actuellement non pourvus en France. On a des exemples : un ingénieur chimiste devenu cuisinier, un banquier se formant à l’automatisme du bâtiment pour créer son entreprise."
La Chambre de Commerce s’est félicitée de la fusion et de sa réussite. "C’est devenu la métropole du savoir. Les jeunes doivent être le plus possible en contact avec les entreprises, avant, pendant et après. Il faut muscler le système. "
Quant au groupe La Poste, il s’est interrogé sur la manière dont "l’université peut venir en aide à La Poste dans les nouveaux métiers numériques ?" Pour la Banque postale, "quid avec les petites entreprises qui composent le tissu économique de la région ?"
À la sortie de cette rencontre intense entre entreprise et université, le président Berland se frottait les mains : "On va tous se mettre autour de la table pour encore mieux faire coller nos formations aux besoins des entreprises."
A lire sur le site de La Provence