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Interpellation du Parti Socialiste sur la politique de recherche du gouvernement - Pascal Maillard, Blog POLARED, le 05.10.2013
dimanche 6 octobre 2013, par
"Qu’est-ce qui justifie aujourd’hui que le parti auquel vous appartenez se nomme encore socialiste ?" Telle est l’une des questions que Pascal Maillard pose à Stéphane Delpeyrat-Vincent, dans une interpellation publique au sujet des positions du PS sur la politique conduite par le gouvernement en matière d’Enseignement supérieur et de Recherche.
Monsieur le Secrétaire National à la recherche,
J’ai pris connaissance de votre "Lettre d’un socialiste à Manuel Valls". Elle m’inspire le respect, même si je n’en partage pas la naïveté et si je suis sans illusion sur la stratégie et les ambitions personnelles d’un ministre qui bafoue les valeurs républicaines et auquel le Président François Hollande apporte son soutien, fût-ce par un silence coupable. Mais j’ai aussi lu avec attention votre prise de position sur la loi "Enseignement supérieur et recherche" à laquelle vous apportez un soutien sans réserve, en particulier dans votre billet de blog du 4 mai dernier. Or la politique de Geneviève Fioraso m’apparaît tout aussi dangereuse que les positions idéologiques du Ministre de l’Intérieur. Elle procède d’un même renoncement aux valeurs historiques que la gauche socialiste défendait et incarnait jadis, certes il y a fort longtemps.
Les responsabilités que vous avez à la direction nationale du PS vous invitent naturellement à vous exprimer sur la politique conduite par le gouvernement en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Au moment où l’université traverse une crise financière sans précédent, aggravée par un gouvernement que vous soutenez à l’évidence trop aveuglément, le silence du PS demeure assourdissant. Je me permets par conséquent de vous soumettre dix questions auxquelles il vous sera loisible de répondre, par un commentaire ou par un billet sur votre blog de Mediapart.
1. Quel bilan la direction nationale du PS fait-elle aujourd’hui de l’entrée en application de la loi sur l’Enseignement supérieur et la recherche ? Quel bilan tirez-vous de l’action de la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche depuis sa prise de fonction ?
2. Quelle est la position de votre direction nationale sur la grave crise financière que traversent les universités ? Quelles solutions préconisez-vous ? Les mesures d’accompagnement prise par le MESR vous semblent-elles satisfaisantes ?
3. Que pensez-vous du Crédit Impot Recherche (CIR) et de la gabegie qu’il occasionne ? N’estimez-vous pas que les 7 milliards ainsi dilapidés seraient plus utiles à la recherche et aux universités ? Que préconisez-vous en ce sens ?
4. Le processus de fusion et de regroupement des universités ainsi que la logique des Contrats de site mettent en péril de nombreuses petites et moyennes universités ? Que préconise le Parti socialiste pour préserver des universités de proximité sur tout le territoire français ?
5. Le fléchage des crédits de recherche via les projets d’excellence met en péril des secteurs disciplinaires stratégiques : Lettres, Arts, Langues, SHS, en particulier. N’estimez-vous pas nécessaire que soient renégociées les conditions d’application des dotations IDEX afin qu’elles puissent soutenir des projets jugés utiles par les conseils d’université en dehors de tout concept de périmètre d’excellence ?
6. La poursuite et le développement de la politique d’excellence par Geneviève Fioraso, en totale continuité avec les orientations libérales des gouvernements de droite, n’entrent-elle pas en contradiction avec certaines orientations du Parti socialiste ? En particulier votre parti soutient-il sans réserve la logique d’externalisation et de privatisation du transfert technologique via les SATT ?
7. Quelle est votre position sur le projet de budget 2014 pour l’ESR ? Vous-semble-t-il à la hauteur des enjeux et estimez-vous qu’il sera propre à résoudre la crise financière des universités et à assurer un soutien durable aux organismes de recherche ?
8. Le PS entend-il persister dans sa ligne d’adhésion et de soutien sans réserve à la politique actuelle du gouvernement en matière d’enseignement supérieur et de recherche ? N’avez-vous pas le sentiment, sur ce sujet comme sur bien d’autres, d’appartenir à un parti godillot ?
9. La politique de Geneviève Fioraso, que beaucoup commencent à juger encore plus violente et plus autoritaire que celle de Valérie Pécresse, remet en cause les valeurs et les principes du Service public d’enseignement supérieur et de recherche : financement récurrent par l’Etat, cadrage national des diplômes et des concours, démocratisation de l’accès aux études supérieures. Le PS a-t-il renoncé à défendre ces valeurs et ces principes ?
10. Enfin, et sans ironie aucune, qu’est-ce qui justifie aujourd’hui que le parti auquel vous appartenez se nomme encore "socialiste" ? Ce faisant, quel sens a pour vous le mot "socialiste" dans votre "Lettre d’un socialiste à Manuel Valls" ?
Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire National, l’assurance de ma plus profonde inquiétude.
Pascal Maillard
POUR LIRE L’ARTICLE SUR LE SITE ET LA RÉPONSE EN FORME D’ESQUIVE DE L’INTERPELLÉ, NICHÉE DANS LE FIL DES COMMENTAIRES...