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Emploi scientifique : le CIR pour les grands groupes, c’est de la « confiture pour les cochons ». 1- Les thèses Cifre en baisse de 8 % en 2013. Blog d’Henri Audier, décembre 2013.
jeudi 19 décembre 2013
Ce premier billet peut être lu sur le blog d’Henri Audier.
Le second, "Le CIR est-il attractif pour les sociétés étrangères ?", ici.
Semaines après semaines apparaissent de nouveaux arguments montrant combien les 6 milliards de CIR sont inutiles s’il s’agit de développer la recherche privée. Après le rapport explosif de la Cour des comptes, reprenant nombre de nos critiques, et qui fut pour une fois largement relayé par la presse (1), nous avions donné de nouvelles preuves de la gabegie monumentale que constitue le CIR (ici et ici).
Aujourd’hui, c’est sur le faible nombre de docteurs formés et recrutés en France que nous nous appuyons : des données récentes (1 et 2) montrent que nous faisons, là encore, beaucoup plus mal que des pays à faible CIR, voire sans CIR.
Le premier domaine dont il sera question ici est celui des thèses en Cifre.
Un Cifre (Convention industrielle de formation par la recherche) est une convention entre une entreprise, un laboratoire public et un doctorant dans le but d’effectuer un doctorat dans un laboratoire public sur un sujet intéressant une entreprise. Le financement est mixte, Etat-entreprise, mais d’un niveau nettement supérieur à celui d’une allocation de recherche « standard ».
« Le nombre de thèses Cifre a diminué de 8 % en 2013 : -15 % pour les grandes entreprises et +4 % pour les PME », indique Luc Oursel, président de l’ANRT (Association Nationale de la recherche et de la Technologie) qui gère les CIFRE. Pour Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, « cette inflexion est de très mauvais augure (…). Les entreprises doivent convaincre leurs conseils d’administration d’embaucher des thésards Cifre. Ce dispositif permet le décloisonnement entre entreprise et université (…) La reconnaissance du doctorat, insuffisante en France et en dehors du monde de l’université et de la recherche, tant dans l’entreprise (12 % de docteurs seulement dans la recherche en entreprise) que dans la fonction publique, bien inférieure à ce que l’on trouve chez nos voisins allemands dont l’industrie se porte mieux, et ce n’est pas un hasard. (…) Malgré les Cifre et malgré les dispositions favorables à l’embauche des docteurs dans le dispositif du CIR (crédit impôt recherche), nous ne progressons pas assez dans la reconnaissance du doctorat. (…) N’oublions pas que le recrutement de doctorants et de post-doctorants est l’un des moyens du transfert des résultats de la recherche vers l’industrie ».
Excellente analyse de la ministre, mais qui ne va pas au bout : elle ne remet nullement en cause le CIR et les pratiques de l’Etat-Providence, qui distribue ses milliards aux grands groupes sans exiger la moindre contre-partie, ne serait que celle de payer des impôts en France ou de développer leur potentiel de recherche. Avec son accord – ou pas – Luc Oursel, président de l’ANRT, a conclu la réunion en affirmant : « La compétitivité des chercheurs français passe par le CIR (…). La France, grâce au CIR, est l’un des pays les moins chers de l’OCDE pour le coût d’un chercheur. Sans ce dispositif, nous deviendrions l’un des pays les plus chers. C’est un outil précieux qu’il faut sanctuariser, surtout pendant la crise ».
Il faut préciser que Luc Oursel a succédé à Louis Gallois comme responsable de l’ANRT. Louis Gallois, désormais Commissaire général à l’investissement, a poursuivi, sans en changer une virgule, la politique de Valérie Pécresse en matière « d’investissements d’avenir », y compris en se gargarisant avec la prétendue « excellence ». Louis Gallois dont le rapport préconise, lui aussi, de « sanctuariser le CIR ».
Alors, « le changement, c’est pour quand ? »
(1) AEF. Dépêche n°190760 du 3/12/2013.
(2) Commissariat général à la stratégie et la prospective (octobre 2013).