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Hollande à Strasbourg : la police contre les universitaires - La Feuille de Chou, 30 janvier 2014
vendredi 31 janvier 2014, par
A lire sur le site de la Feuille de Chou.
A lire aussi sur le blog de Pierre Dubois :
Le Palais Universitaire bouclé,
Strasbourg : 50 coupes budgétaires.
Pour le point de vue de la com’ officielle (deux milliards pour le nouveau plan Idex, un milliard pour les “universités de taille régionale”, cent millions pour la biologie des systèmes), voir France 3 Alsace.
Deux à trois cent manifestants étaient présents devant les barrières métalliques face au Palais universitaire gardé comme tous les environs par des gendarmes, des policiers et un très grand nombre de flics en civils habillés en pseudo Blackblok... Un quarteron de réacs, fachos et intégristes de la “manif pour tous”, s’étaient regroupés sur le côté gauche. Démasqués par les militants de gauche, ils ont trouvé refuge près des gendarmes, juste avant que ces derniers ne mettent en place peu à peu une nasse pour repousser les universitaires loin du Palais U au-delà du Pont Royal.
Une fois parvenus au pont, on a même vu, après qu’un commissaire a fait tomber le responsable du NPA 67, une opération commando de quelques gendarmes qui, après s’être faufilés en quelques secondes le long de la rambarde du pont, sont allés cueillir deux militants de gauche avant de les exfiltrer derrière les lignes policières. Comme disaient les slogans : "Pétain reviens, t’as oublié tes chiens !"
Une telle présence et répression policière pour des manifestants qui étaient tout à fait pacifiques et avaient été privés au préalable de leurs banderoles et pancartes, souligne combien la réforme libérale de l’Université dans sa version Fioraso ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de Pecresse. Le président de l’UDS, Beretz, l’a annoncé : 20% de budget en moins, tel est l’effort demandé pour adapter l’Université au libéralisme économique.
Un peu plus tard, devant la faculté de Droit, 150 personnes majoritairement membres des syndicats d’étudiants et de professeurs de l’université (SNESUP-FSU, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SUD Education Alsace, SNPREES-FO, SNTRS-CGT, SES-CGT, Sgen-CFDT, UNEF) ont également mené une action symbolique suivie d’une conférence de presse et d’une AG.
Pascal Maillard, syndicaliste SNEsup et élu à l’Université de Strasbourg
Conférence de presse intersyndicale
Lors de la conférence de presse, des professeurs de l’université présents ont décrit concrètement ce que les mesures d’austérité avaient comme conséquences sur leurs conditions de travail, celles de leurs étudiants et des personnels techniques.
Liberté et relaxe pour les étudiants en garde à vue !
Communiqué du Collectif de mobilisation étudiante – Université de Strasbourg
Le 30 janvier, pendant le rassemblement qui regroupait environ 250 étudiants, à l’occasion de la visite de François Hollande à l’Université de Strasbourg, nous avons été victimes d’une répression policière disproportionnée. Damien et Laurent, deux étudiants strasbourgeois, ont été violemment mis à terre, menottés, alors que la manifestation s’est déroulée de manière pacifique. Par ailleurs, la police a été violente envers des manifestants, surpris d’un tel déchaînement de violence.
Avant même le début du rassemblement, nous avons subis des contrôles d’identités systématiques, notre matériel militant a été confisqué par les forces de police, tout cela sur une base juridique incertaine.
Nous sommes révoltés par la manière dont nous avons été traités. Cela ne peut que nous rappeler les violences subies en 2009 à la venue de Valérie Pécresse, ex-ministre de l’Enseignement Supérieur : nous ne pouvons que constater la dérive sécuritaire du nouveau « président auto-proclamé » de la jeunesse.
Nous demandons une relaxe immédiate de nos deux camarades, ainsi qu’une prise de position des responsables universitaires par rapport aux traitements subis par leurs étudiants.
http://uecstrasbourg.over-blog.com/2014/01/liberté-et-relaxe-pour-les-étudiants-en-garde-à-vue.html
Rébellion ?
Dans l’article des Dernières Nouvelles d’Alsace du 31 janvier, titré "Front désuni", Olivier Claudon écrit ceci, concernant deux interpellations sur le Pont Royal :
“Deux militants communistes de 20 et 22 ans ont été interpellés, l’un pour rébellion et l’autre pour outrage. Le premier a été remis en liberté dans l’après-midi sans être poursuivi.”
“Rébellion” et “outrage” ? Quand on a assisté à l’intervention- commando (narrée plus haut) des gendarmes, dans le dos du rassemblement en voie de dispersion, on comprend que ces prétendus délits de rébellion et d’outrage, s’ils ont eu lieu, ont été provoqués par l’intervention elle-même. Liberté pour notre camarade !
Retour sur la visite de François Hollande à Strasbourg
[Après quelques vidéos présentant les “temps forts” de la visite de Hollande et Fioraso, on apprend que...]
Investissements d’avenir : Hollande annonce 2 milliards pour de nouveaux pôles universitaires
François Hollande a annoncé jeudi que deux milliards d’euros sur les 12 milliards du deuxième programme d’investissements d’avenir annoncé en juillet seraient consacrés à des "initiatives d’excellence" (Idex) pour former de nouveaux pôles régionaux de recherche universitaire. "J’ai décidé d’engager une nouvelle vague d’Idex au titre du deuxième programme d’investissements d’avenir" dotée de "2 milliards d’euros qui seront consacrés à ces nouvelles initiatives d’excellence", a déclaré le chef de l’Etat lors d’une visite de l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires (ISIS) de Strasbourg.
"Nous avons besoin de grandes universités de recherche, comme la vôtre, avec un objectif clair : doter le pays d’universités parmi les meilleures au monde, qui permettront à la France de tenir son rang dans la compétition scientifique et économique", a-t-il fait valoir. Auparavant, le président s’était entretenu avec deux prix Nobel de chimie, Jean-Marie Lehn, qui l’avait obtenu en 1987 et a fondé l’ISIS en 2002, et Martin Karplus qui a rejoint l’institut en 2006 et a obtenu lui aussi le prestigieux prix l’an dernier. Sélectionné par un jury international, les nouveaux Idex seront similaires aux huit lauréats de la première vague de 2011 : Strasbourg, Marseille, Bordeaux, Toulouse ainsi que quatre autres en région parisienne. "Ces crédits permettront à l’ensemble des chercheurs d’une région, réunis dans un regroupement universitaire dit d’excellence d’intensifier leurs programmes de recherche de coopérations", a souligné François Hollande.
Le chef de l’Etat, accompagné de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, a annoncé aussi que "d’autres financements, toujours issus du Plan investissement d’avenir" iront à des "universités de taille régionale" à hauteur d’un milliard d’euros. "L’idée reste la même : aider tous les acteurs à travailler ensemble, dans leur territoire", a-t-il observé. Rappelant par ailleurs que "l’économie de la santé" était une priorité du gouvernement, François Hollande a spécifié que, toujours au titre du plan investissement d’avenir, "100 millions d’euros" seront consacrés à la biologie des systèmes, "à raison de 20 millions par an pendant 5 ans". Cette dicipline, a-t-il expliqué, vise à "inventer la médecine personnalisée, adaptée à chaque malade", en traitant le "gigantesque" volume d’informations désormais disponible sur les maladies et les patients.
Hollande évoque "l’idée" d’un "possible" campus européen à Strasbourg
François Hollande a évoqué jeudi "l’idée" d’un "possible" campus européen qui serait bâti à Strasbourg, précisant qu’elle serait évoquée lors du prochain conseil des ministres franco-allemand prévu le 19 février à Paris. "L’idée pourrait être de créer un campus européen, ici, à Strasbourg", a déclaré le chef de l’Etat lors d’une table ronde avec des étudiants français et allemands au Palais universitaire de la ville.
Le 19 février, a-t-il poursuivi, "nous pourrions évoquer parmi les sujets —et il y en a de nombreux—, que nous aurons à traiter ensemble, le sujet de l’université et d’un possible campus, à Strasbourg". Pour l’heure, a-t-il souligné les échanges d’étudiants français et allemands demeurent à un niveau "modeste" : "8.000 étudiants allemands en France, 6.000 étudiants français en Allemagne alors que nous venons de célébrer le 50e anniversaire du traité d’amitié entre la France et l’Allemagne". "Nous pouvons aller beaucoup plus loin dans les échanges universitaires", a-t-il insisté, précisant que le choix de Strasbourg s’était imposé "parce que c’est l’une des capitales européennes et que c’est le lien que nous avons le plus symbolique de l’amitié entre la France et l’Allemagne".
"Nous devons donner la direction et si la France et l’Allemagne ne se retrouvent pas ensemble pour renouveler l’idée européenne, le risque est une forme de dissolution progressive, de dislocation", a observé François Hollande. Le président a mis en garde contre la "montée des égoïsmes nationaux" et au delà "des populismes, des extrémismes qui utilisent toutes les peurs" du "sentiment qui existe dans chaque pays que l’on pourrait sortir plus facilement de la crise tout seul qu’avec les autres". "Les pays qui réussissent le mieux dans la compétition internationale sont ceux qui sont le plus ouverts aux échanges universitaires", a-t-il également noté.