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Hollande se saisit de la future carte des universités - Marie-Christine Corbier, Les Echos, 21 mai 2014
vendredi 23 mai 2014, par
Le chef de l’Etat a reçu hier à l’Elysée cinq présidents d’université pour parler des regroupements en cours.
A lire sur le site des Echos.
Il reste deux mois – jusqu’au 22 juillet – aux universités pour se regrouper. L’approche de la date, fixée par la loi, attise la contestation dans certaines d’entre elles, où le rapprochement avec d’autres est parfois vécu difficilement, notamment en Ile-de-France, à Paris-I, Paris-VII, Paris-VIII ou Paris-X. Les débats sur les formes des regroupements – fusions, communautés d’universités (Comue), associations – sont tendus. C’est dans ce contexte que François Hollande a reçu hier à l’Elysée cinq présidents d’université, avec les ministres de l’Eductation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Benoît Hamon et Geneviève Fioraso.
L’objectif est de rassembler les 195 établissements universitaires français (dont 74 universités) en 25 entités et d’accélérer la logique des précédents pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES). La future carte universitaire doit, selon les promoteurs de la réforme, contribuer au rayonnement international de la France, améliorer l’offre de formation et mieux structurer la recherche. Elle permettra, affirment-ils, au CNRS, par exemple, d’être présent dans le conseil d’administration d’une Comue, alors qu’il ne pouvait pas l’être dans ceux des universités, trop nombreuses. « Il y aura un vrai dialogue stratégique avec les organismes de recherche pour structurer une stratégie de recherche régionale », se félicite un acteur des regroupements. Qui vante aussi les avantages, pour des universités voisines, de « réfléchir ensemble à l’offre de formation ».
La contestation, parfois violente et qui dénonce une dérive de la gestion des universités qui va au-delà d’un manque de moyens, est multiforme : tribunes, sites Web dédiés, réseaux sociaux et pétitions, comme celle qui a précédé la reconduction de Geneviève Fioraso comme secrétaire d’Etat et qui continue de recueillir des signatures (plus de 11.000 hier).
Sur les 25 projets de regroupement, la secrétaire d’Etat annonce « une vingtaine de Comue et cinq associations » et se félicite d’avoir déjà reçu 13 projets finalisés sur les 20 Comue. « On a été consultés sur des projets extrêmement vagues ! critique Marc Neveu, du Snesup, le principal syndicat de l’enseignement supérieur. Or c’est dans les détails que les difficultés se nichent. La communauté universitaire est très anxieuse face à des statuts non finalisés. Il y a une méfiance, voire un désaveu qui monte vis-à-vis de la loi. » Le 20 mai, au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche, le Snesup a voté une motion – adoptée – pour une demande de moratoire d’un an. L’entourage de Geneviève Fioraso explique que la date du 22 juillet « ne doit pas être vue comme un couperet », certains retards seront tolérés.
« Double hypocrisie »
« Le problème de fond, c’est une double hypocrisie, lâche un acteur : les présidents d’université n’osent pas dire que ces regroupements vont conduire à fusionner des masters qui doublonnent et donc contraindre certains enseignants à aller enseigner en licence, là où ils considèrent aujourd’hui que le niveau est très bas. D’où une opposition chez les enseignants- chercheurs, qui ont parfois les mêmes cours de master, avec un petit nombre d’étudiants, depuis quinze ans. »
Jusqu’où ira la contestation ? Est-on à l’aube d’un mouvement similaire à celui de 2009 ? « On est vigilant et à l’écoute à face un tel risque », affirme une source officielle. « On est usés », lâche Marie-Laure Basilien-Gainche, professeur à Lyon-III et à l’initiative de la tribune qui appelait à la non-reconduction de Geneviève Fioraso. Interrogé, le président de l’Unef le premier syndicat étudiant William Martinet se disait hier « très inquiet et très critique » sur le fait que « seule la question de la taille critique intéresse. La priorité de la réussite des jeunes s’est arrêtée aux portes de l’Assemblée nationale. » La rentrée universitaire sera « un test », assure-t-il, redoutant que le gouvernement ne tienne pas sa promesse de 100 millions d’euros dédiés aux bourses étudiantes. Un sujet sur lequel l’entourage du ministre de l’Education nationale se disait hier « confiant », même s’il « n’est pas arbitré ».