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Du bon usage des MOOC, - Marc Neveu, Maxence Guesdon, La Revue du Projet, BLOG Médiapart, 28 mai 2014
mercredi 28 mai 2014, par
La frénésie du MESR pour les "Massive Open Online Courses – Cours en ligne ouverts et massifs"
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Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche a été récemment pris de frénésie pour la mise en place urgente de « MOOC », cours en ligne ouverts et massifs. Après l’enseignement à distance et les premières tentatives en 2000 de partage par Internet de ressources de cours, les MOOC sont aujourd’hui massivement développés dans les universités américaines et arrivent en France. Vantés pour la démocratisation du savoir qu’ils permettraient (d’où la notion de cours ouvert), ils ne sont pourtant pas à l’abri de révéler une incompréhension profonde des enjeux liés au numérique.
Pour les tenants de l’austérité budgétaire, l’outil numérique semble doté de pouvoirs magiques. Il permettrait de réaliser des économies d’échelle en plaçant les étudiants, renommés « apprenants », devant leurs écrans pour suivre des cours sous forme de vidéos, forums de discussions et formulaires de correction. Cette vision est souvent accompagnée d’une volonté de former les futurs travailleurs à des compétences prédéfinies et spécifiques, au service des employeurs. Cette perspective est en rupture totale avec le rôle de l’université, qui est d’élaborer et transmettre des savoirs vivants via la recherche et de former des citoyens capables de critique, deux aspects d’ailleurs indissociables.
En confiant à des acteurs privés les dispositifs de support de la recherche et de l’enseignement (la publication scientifique, maintenant les cours), les politiques de ces dernières années ont encouragé la marchandisation du savoir. Elles permettent souvent la transposition de dispositifs existant avant le numérique en sources nouvelles de profits privés. Elles présentent en plus le danger d’une colonisation culturelle des pays moins développés numériquement, comme a pu l’être l’introduction du régime Licence-Master-Doctorat (LMD) dans les universités de l’Afrique francophone subsaharienne, ou encore la « mondialisation de l’excellence » qui a restreint les politiques de recherche aux thèmes économiquement porteurs.