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Université : le président dénonce le "silence assourdissant de l’Etat" - Corse-matin, 4 juin 2014
dimanche 8 juin 2014, par
La troisième mouture de la convention qui lie l’Etat et la CTC [Collectivité territoriale de Corse] à l’institution n’a toujours pas été signée. Un retard de 18 mois qui fragilise son avenir et promet des « mesures drastiques » si rien n’est acté au 30 juin.
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Une trentaine de personnes. Responsables de composantes ou des services centraux. Et toutes réunies dans la salle des Actes du Palazzu, hier à Corte, autour de Paul-Marie Romani pour une conférence de presse. L’image est suffisamment rare pour être remarquée.
Mais l’heure est grave pour l’université, comme l’a souligné son président : « Nous en sommes à 18 mois de retard pour la signature de la convention d’application tripartite avec l’État et la CTC. Aujourd’hui, cela met en péril notre développement. »
La convention cadre prévoit que l’État doit accompagner un projet présenté tous les cinq ans par l’université, notamment en terme de moyens humains. La CTC, quant à elle, attribue des dotations de fonctionnement et d’équipement et met en œuvre des programmes pluriannuels de constructions universitaires.
Ce qui aurait pu n’être, a priori, que lenteur administrative pourrait bien, en réalité, poser de très sérieux problèmes à l’institution. « Cette troisième convention, nous aurions dû la signer l’an dernier. Nous avions initié les discussions en ce sens. Elles reposaient, notamment, sur un projet d’établissement auquel de nombreux enseignants-chercheurs ont participé, et qui prévoit des projets clairs, avec des objectifs chiffrés en termes de besoins humains ». De fait, un optimum de 62 postes serait nécessaire, « mais un courrier de la ministre parvenu à l’exécutif de la CTC le 16 mai dernier nous en donne quinze. Et depuis, nous n’avons plus de nouvelles ».
Une situation que Paul-Marie Romani entend dénoncer :« Nos inquiétudes sur ce cadre normatif se concrétisent et cette notification atteste d’une démarche de retour vers la logique de tutelle alors même que le cadre contractuel repose sur une logique de partenariat avec une discussion approfondie sur le projet porté par l’université pour la période 2013-2017. »
Relancer quand même les discussions
Aux yeux de l’universitaire, ce « silence quasi assourdissant de l’État, alors que la collectivité territoriale a joué presque parfaitement le jeu », est alarmant. « Il a toujours fallu aller au conflit, à l’affrontement, a fait remarquer de son côté Antoine Aiello. Nous pensions, au vu des résultants plus que probants de l’université, être enfin sortis de cette façon de procéder, mais aujourd’hui, nous ne sommes toujours pas dans l’ambition d’un projet. »
La discussion contractuelle, pourtant, Paul-Marie Romani espère bien la relancer. Tout en donnant une date butoir pour la signature de la convention d’application : celle du 30 juin prochain. « Le dialogue doit être recherché jusqu’au bout, mais si cela n’est plus possible, nous prendrons les mesures qui s’imposent ». Pour faire repartir les échanges, le président de l’université demande également à la CTC d’adopter une position officielle lors de la session qui se déroulera jeudi et vendredi.
Si les choses ne se débloquent pas, un conseil d’administration extraordinaire de l’université sera convoqué. Pourtant, une petite fenêtre se serait ouverte à l’annonce de la conférence de presse : « Je pourrai, peut-être rencontrer le recteur et le préfet demain(aujourd’hui, N.D.L.R.)à Ajaccio. Nous restons fermes sur nos positions et attendons sereinement que l’État s’investisse sincèrement et totalement pour l’université, l’île et sa jeunesse », souhaitait encore Paul-Marie Romani.
Une déclaration de guerre envers le ministère ? Pas encore. Mais du côté de l’université, on rappelle que le projet est « ambitieux, arrimé aux objectifs des politiques publiques européennes, nationales et territoriales, visant en continuité de la trajectoire initiée il y a une dizaine d’années à construire un horizon plus riche et diversifié pour la Corse, en matière de développement socio-économique et d’épanouissement de la jeunesse ».
Des arguments. Des chiffres. C’est avec cela qu’entendent se battre tous les universitaires cortenais : « Que ce soit clair, nous sommes déterminés et le président Romani n’est pas seul. »